Une frappe aérienne de la coalition internationale anti-EI dans un quartier de Rakka, en juillet 2017. / BULENT KILIC / AFP

En quatre mois, de juin à octobre 2017, plus de 1 600 civils ont été tués à Rakka, en Syrie, par la coalition anti-Etat islamique, rapportent, jeudi 25 avril, les ONG Amnesty International et Airwars.

A partir d’éléments en libre accès et de témoignages recueillis sur le terrain, les deux ONG de défense des droits de l’homme disent avoir recensé ces nombreux civils tués lors des frappes aériennes américaines, britanniques et françaises et dans les tirs d’artillerie des forces américaines lors de l’offensive menée par la coalition.

Amnesty International a pu en vérifier 641 directement sur le terrain à Rakka, capitale autoproclamée de l’EI entre 2014 et 2017, tandis que, pour les autres, des informations émanent de multiples sources crédibles, précisent-elles.

« Les forces de la coalition ne peuvent pas effacer la vérité »

« De nombreux bombardements aériens n’étaient pas précis et des dizaines de milliers de tirs d’artillerie ont été effectués à l’aveuglette », dénonce Donatella Rovera, principale conseillère d’Amnesty International pour les situations de crise. « Les forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis ont rasé Rakka, mais elles ne peuvent pas effacer la vérité », ajoute-t-elle. « Amnesty International et Airwars leur demandent de cesser de nier l’ampleur choquante des victimes et des destructions civiles causées par leur offensive. »

La coalition internationale a reconnu fin mars avoir « involontairement tué » 1 257 civils au cours de frappes aériennes menées à la fois en Irak et en Syrie d’août 2014 à fin février 2019, un bilan qui ne comprend pas les bombardements menés en mars.

Selon Amnesty International et Airwars, « les membres de la coalition ayant procédé à ces frappes » doivent mettre en place « un mécanisme indépendant et impartial chargé de mener dans les meilleurs délais une enquête efficace » et « en rendre les conclusions publiques ». Les deux ONG appellent également à la création « d’un fonds qui permette aux victimes et à leurs familles de recevoir des réparations pleines et entières et d’être dûment indemnisées ». En juin 2018, Amnesty avait déjà publié un rapport accablant sur la bataille de Rakka, dénonçant des « violations graves du droit international ».