La star brésilienne Neymar a fait son retour sur les pelouses et pu célébrer, avec ses partenaires, le titre en Ligue 1, le 21 avril contre Monaco (3-1), après trois mois de convalescence / FRANCK FIFE / AFP

Cette fois, Thomas Tuchel n’aura pas à déployer des trésors d’imagination pour constituer son équipe. Confronté à une série de blessures depuis plusieurs semaines, l’entraîneur du Paris-Saint-Germain devrait récupérer la plupart de ses cadres, samedi 27 avril au Stade de France, contre Rennes, en finale de Coupe de France. Un match capital pour le technicien allemand. Car une défaite face aux Bretons serait synonyme de fiasco au terme d’une saison en demi-teinte, avec un huitième titre de champion de France à la clé, mais marquée par les improbables éliminations en huitièmes de finale de Ligue des champions contre Manchester United, et en quarts de Coupe de la Ligue face à Guingamp.

Signe que l’infirmerie du club est en passe de se vider, la star brésilienne Neymar a fait son retour sur les pelouses et pu célébrer, avec ses partenaires, le titre en Ligue 1, le 21 avril contre Monaco (3-1), après trois mois de convalescence. En janvier, la rechute du joueur le plus cher du monde (222 millions d’euros), touché – comme en 2018 – au métatarsien du pied droit, avait été très mal vécue par les dirigeants du PSG, contraints de se passer de leur principal actif avant l’échéance européenne de mars.

Autre bonne nouvelle pour Thomas Tuchel, l’Uruguayen Edinson Cavani sera disponible face à Rennes. Le buteur de 32 ans s’était blessé à la hanche en inscrivant un penalty contre Bordeaux, début février, avant de rechuter un mois plus tard. En délicatesse avec sa cuisse depuis mars, l’Argentin Angel Di Maria devrait aussi être aligné au Stade de France, comme l’Italien Marco Verratti (cheville) et le capitaine brésilien Thiago Silva (genou). En revanche, l’incertitude demeure quant aux défenseurs Thomas Meunier et Thilo Kehrer, encore abonnés à l’infirmerie.

« Pas que de la malchance », soupire Tuchel

Aux commandes d’un effectif constitué de nombreux internationaux, en surchauffe depuis l’été 2018 et leur retour de la Coupe du monde en Russie, Thomas Tuchel a été confronté à une véritable hécatombe. Obligé de bricoler pour bâtir sa formation en ce début de printemps, le coach allemand a tiré la sonnette d’alarme, le 14 avril, après la déroute (5-1) de ses joueurs face à leur dauphin lillois. « Depuis le premier match contre Manchester [le 12 février], ça s’est accumulé et c’est trop ! A chaque match…, a soupiré M. Tuchel, qui a aussi dû se passer des services des défenseurs Marquinhos, Layvin Kurzawa ou Dani Alves. On doit réfléchir entre nous et trouver une ou plusieurs raisons. Je pense qu’il y a plusieurs raisons pour des blessures mais ce n’est pas possible que ce soit seulement de la malchance. »

Joueur le plus sollicité de la saison (51 matchs, série en cours), le buteur Kylian Mbappé a parfois tenu la baraque parisienne à lui tout seul, son absence devenant criante lorsque le technicien le laissait souffler, comme le 17 avril, à Nantes (défaite 3-2). Et tout en déplorant le manque de profondeur de son banc, Tuchel a placé sa direction face à ses responsabilités, notamment quant à l’organisation de sa cellule médicale, chamboulée l’été dernier.

Au sein des grands clubs européens, l’enjeu est central, et sa constitution éminemment politique. Le cas de Hans-Wilhelm Müller-Wohlfahrt, docteur historique du Bayern Munich et ex-médecin de la sélection allemande, avait même défrayé la chronique lorsque ce pilier de l’équipe bavaroise avait quitté le club en 2015, en raison de ses rapports tumultueux avec l’entraîneur espagnol Pep Guardiola, qui lui reprochait les blessures auxquelles son effectif était confronté.

S’il est arrivé à Paris avec son préparateur physique, son compatriote Rainer Schrey, Thomas Tuchel doit composer avec le nutritionniste Laurent Aumont, qui a remplacé au quotidien le docteur Eric Rolland sur le banc de l’équipe. Médecin historique du PSG depuis 2007, chirurgien orthopédique de réputation mondiale, ce dernier a choisi, à l’été 2018, de prendre du recul tout en restant, un temps, directeur médical du club.

Mises au vert supprimées

Depuis l’automne, son successeur est Cristiano Eirale, en provenance de l’hôpital Aspetar de Doha. Chargé de l’effectif professionnel et des jeunes du centre de formation, le praticien italien a été choisi dans la perspective de l’édification du nouveau centre d’entraînement et de performance du PSG, qui est censé être inauguré en 2021 à Poissy (Yvelines). Et depuis quelques mois, on trouve aussi dans ce staff médical l’ex-physiothérapeute de la sélection brésilienne Bruno Mazziotti, pour la réathlétisation des joueurs à l’issue de leurs blessures.

Les questionnements de Thomas Tuchel rejoignent ceux de ses prédécesseurs. L’infirmerie du PSG est depuis plusieurs saisons souvent bien remplie, avec quelques habitués notoires, comme l’Argentin Javier Pastore, première recrue phare de l’ère qatarie et transféré en 2018 à l’AS Rome, ou Marco Verratti. Les blessures à répétition de l’Italien avaient soulevé la question de son hygiène de vie, et de sa concordance avec celle d’un sportif de haut niveau dans un club qui peut laisser une certaine indépendance à ses stars. Thomas Tuchel a par exemple supprimé, dès son arrivée, les mises au vert avec ses joueurs avant les matchs, préférant les responsabiliser.

Un pic avait notamment été atteint lors de la saison 2014-2015, sous le règne de Laurent Blanc. La longue absence du Suédois Zlatan Ibrahimovic, victime d’une talalgie récalcitrante, avait jeté le trouble. « Les médecins ne savaient pas quand je reviendrais et c’était peut-être ça le plus pénible », pestait le géant scandinave alors que les praticiens de la sélection suédoise évoquaient « une blessure inexplicable ». Une enquête avait même été menée par les dirigeants parisiens pour moduler la charge de travail des joueurs. Quatre ans plus tard, le PSG compte toujours ses blessés.