L’aquarium Nausicaa de Boulogne-sur-mer comptait trente requins-marteaux en 2011. / AP/JOHN BAZEMORE

Ils étaient trente en 2011. Le dernier des requins requins-marteaux de l’aquarium Nausicaà, basé à Boulogne-sur-mer (Pas-de-Calais) est mort jeudi 25 avril, a fait savoir le centre aquatique.

Arrivé d’Australie il y a huit ans, ce requin ne s’alimentait plus depuis trois semaines et avait été placé en observation à l’écart des visiteurs. Il était atteint d’une fusariose, infection causée par « un champignon qui envahit toutes les voies internes du requin », a expliqué vendredi le directeur de Nausicaà, Philippe Vallette.

« Il faut que l’on progresse encore »

Au total, trente requins-marteaux sont morts prématurément dans l’aquarium entre 2011 et 2019. Toujours capturés dans leur milieu naturel à l’état juvénile, pour « limiter l’impact du prélèvement », ces animaux sont « fortement menacés » dans la nature : « 100 millions sont tués chaque année pour leurs ailerons », a assuré M. Valette.

S’il s’attendait à des pertes, en raison notamment de l’âge d’importation des animaux, l’aquarium entend toutefois « comprendre » les causes de cette forte mortalité. « Nos méthodes d’anesthésie sont au point, car on les utilise sur tous nos autres poissons avec succès. Ce n’est pas un problème d’oxygène : on est à plus de 100 % d’oxygène dans le grand bassin », a déclaré le directeur.

Mais, concernant la qualité de l’eau, « malgré toutes les précautions que l’on prend pour étudier la salinité, la densité, la température et les autres paramètres, ce n’est peut-être pas assez. Il faut que l’on progresse encore sur le milieu que l’on peut donner à ces animaux », a-t-il dit. L’aquarium a aussi déploré de nombreuses pertes du fait que les prédateurs à la tête en forme de T – une espèce menacée d’extinction – s’entre-tuaient dans le bassin de 600 000 litres.

Mission en Colombie en mai

Réagissant dans un communiqué, le maire de Boulogne-sur-Mer Frédéric Cuvillier (PS) a proposé que « le réseau des aquariums mondiaux et ses scientifiques puissent se réunir » pour procéder à un état des lieux des connaissances et « bâtir un programme de sauvegarde ». De son côté, Nausicaa enverra dès le mois de mai deux soigneurs en haute-mer en Colombie, afin de « faire des analyses, pour savoir s’il y a des (écarts) entre ce qui se passe en mer et ce qui se passe chez nous », a indiqué Philippe Valette.

La mort de ces animaux a représenté « entre 200 000 et 300 000 euros » de pertes annuelles pour l’aquarium, qui ne renonce toutefois pas à l’idée d’accueillir un jour d’autres requins-marteaux. « Si on veut faire progresser la connaissance, il faut pouvoir observer ces animaux vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On ne peut pas faire ça en mer ». Et les présenter « crée une empathie : le public a envie de sauver ces animaux », a-t-il ajouté. De son côté, la Fondation 30 millions d’amis avait dénoncé au début de l’année « cette débauche de vies animales aux seules fins de divertissement du public ».