Le cortège des « gilets jaunes » à Paris, le 27 avril 2019. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Deux jours après les annonces d’Emmanuel Macron censées répondre à la crise sociale, les « gilets jaunes » comptaient, samedi 27 avril, se remobiliser à travers le pays pour protester, cette fois, contre le « blabla » présidentiel.

  • « Tous ensemble » à Strasbourg

Après Toulouse pour l’acte XXIII du mouvement, Strasbourg était l’épicentre du mouvement ce samedi. A un mois des élections européennes, un appel « international » à manifester à partir de 13 heures en direction du Parlement européen a été lancé sur les réseaux sociaux. Les organisateurs espèrent attirer notamment des Allemands et des Belges.

Selon la préfecture du Bas-Rhin, 2 000 « gilets jaunes » ont convergé en début d’après-midi vers la place de l’Etoile, non loin du centre-ville, en entonnant La Marseillaise, ou encore des « Tous ensemble. Zusammen ». Toute manifestation a été interdite dans certains secteurs du centre historique de la ville, sur le parvis de la gare ainsi qu’aux abords des institutions européennes – Parlement européen mais aussi Cour européenne des droits de l’homme et Conseil de l’Europe. Des tirs de lacrymogène ont été effectués « en raison d’une tentative de passage en force dans une zone interdite à la manifestation », selon un communiqué du préfet.

Les manifestants « gilets jaunes » à Strasbourg continuent de réclamer le référendum d’initiative citoyenne (RIC) qu’Emmanuel Macron a fermement écarté deux jours auparavant, lors de sa conférence de presse. / PATRICK HERTZOG / AFP

Un drapeau allemand a été aperçu parmi les drapeaux français, et des manifestants belges, allemands, suisses, luxembourgeois et italiens ont été vus par les journalistes présents sur place. Des manifestants brandissaient aussi une banderole « Hollande + Bayrou = Macron » ou une caricature de « Macron Picsou » tandis qu’une dizaine de fourgons de la police protégeaient les bâtiments municipaux voisins.

Interrogé par l’AFP, un pré-retraité strasbourgeois, Pascal Harter, 58 ans, a estimé qu’il n’y avait « rien eu de concret » dans les annonces du président Macron lors de sa conférence de presse à l’Elysée jeudi soir. « Ça m’a remotivé », a-t-il expliqué, jugeant que le chef de l’Etat s’en était tenu a du « blabla ».

Le journaliste indépendant Gaspard Glanz est par ailleurs à Strasbourg pour y couvrir la manifestation. Placé en garde à vue après l’acte XXIII à Paris pour avoir fait un doigt d’honneur après avoir été poussé par un policier, ce reporter de 32 ans a été interdit de paraître dans la capitale tous les samedis en attente de son procès, qui se tiendra le 18 octobre.

  • A Paris, « riposte générale » et « marche sur les médias »

A Paris, une manifestation de convergence entre syndicalistes et « gilets jaunes » est partie du quartier de Montparnasse sous le mot d’ordre de « Riposte générale », à l’appel notamment de la CGT, qui entend réunir syndicalistes, « gilets jaunes », « gilets roses », blouses blanches, chômeurs ou encore étudiants. Plusieurs milliers de manifestants s’y sont joints pour opposer une « riposte générale » au gouvernement et au Medef.

Le carré de tête de la manifestation, à l’initiative de fédérations et unions départementales CGT – mais en l’absence du secrétaire général de la confédération, Philippe Martinez – marchait derrière une banderole proclamant : « Face à une attaque globale, riposte générale ». Mais c’étaient des « gilets jaunes » qui ouvraient la marche, dans un cortège très étiré et avançant au pas de course entre Montparnasse et place d’Italie.

Dans une autre manifestation, plusieurs centaines de « gilets jaunes » participent à la « marche sur les médias », dont le parcours, débutant à la Maison de la radio, doit passer devant les locaux de plusieurs grands médias audiovisuels français, dont TF1/LCI, France Télévisions, BFMTV, CNews, pour se finir près du Conseil supérieur pour l’audiovisuel (CSA), appelant à un « traitement médiatique impartial ».

Une pancarte proclamant « le droit d’informer pour Gaspard Glanz » était aussi visible dans le cortège. « Les policiers veulent arrêter les journalistes indépendants parce que ce sont les seuls à dire la vérité. Les médias traditionnels ne disent pas la vérité », a estimé dans le cortège Julien, un boulanger de 29 ans à Grigny (Essonne). « Les journalistes des grands médias, peu importe ce qu’on leur dira, ça se retournera toujours contre nous », ajoute-t-il.

  • Lyon, Toulouse, Cambrai… également mobilisées

Opération escargot sur le périphérique lyonnais, marche nocturne à Cambrai (Nord), déploiement d’un gilet jaune géant au sommet de la Roche de Solutré (Saône-et-Loire)… Des plus petites aux plus grosses, des manifestations sont également annoncées aux quatre coins de la France.

A Toulouse, il est à nouveau interdit de manifester sur la place du Capitole de 10 heures à 21 heures mais un appel des « gilets jaunes au centre » a néanmoins été lancé pour le début d’après-midi. A Lille, Rennes ou encore Rouen, les manifestations sont également interdites dans le centre.

Vendredi, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a déploré que la réaction des « gilets jaunes » aux annonces d’Emmanuel Macron aient été « déjà écrites » avant l’intervention du chef de l’Etat. « De toutes façons, je ne suis pas sûr que (leurs) revendications, que je ne connais plus, aient attendu une quelconque réponse », a ajouté le ministre, en marge d’un déplacement à Fuveau (Bouches-du-Rhône).