« Ma volonté aujourd’hui était résolument de parler d’Europe. Notre enjeu, c’est d’entrer dans cette campagne que les Français n’ont pas encore en tête. » Dans les coulisses du Dock des Suds à Marseille, où il vient de clore vendredi 26 avril la réunion publique de la liste Renaissance, Stanislas Guerini tente de recentrer le débat. Le délégué général de La République en Marche (LRM) l’assure, le moment n’est pas à faire le service après-vente de l’intervention du président de la République, mais à dynamiser la campagne des Européennes. Moins de vingt-quatre heures après la conférence de presse d’Emmanuel Macron, censée mettre un terme à l’expérience du grand débat national, difficile pourtant d’échapper aux échos du discours présidentiel et de la situation du pays. « L’intervention a été très riche et il va falloir s’impliquer dans les prochains jours pour bien expliquer, bien montrer l’amplitude des sujets abordés », concède Stanislas Guerini.

Quelques minutes plus tôt, face à un parterre de 250 militants, d’élus ou de colistiers – Marcheurs mais aussi MoDem, Agir, Radicaux, ainsi qu’Union des démocrates et des écologistes (UDE) – le patron du mouvement présidentiel a commencé à s’expliquer. Sur quelques points seulement, thématique du jour oblige.

La veille, Emmanuel Macron a surpris en évoquant une « réduction de l’espace Schengen » aux pays européens acceptant le principe d’une politique d’immigration commune. A Marseille, « ville construite sur l’immigration », Stanislas Guerini reprend la proposition et la prolonge en relançant l’idée d’un « office européen pour la demande d’asile ». « Je préfère que l’on gère la situation des demandeurs dans leur point d’arrivée, en Espagne, en Italie, en Grèce plutôt qu’à Menton », explique-t-il.

Sibeth Ndiaye à Marseille pour « faire de la pédagogie »

Les critiques ont ciblé l’absence des enjeux de la transition écologique dans le discours du président Macron ? Au Dock des Suds, M.Guerini en fait « la première priorité » du programme de la liste Renaissance. « Nous avons investi dans les énergies renouvelables comme aucune autre majorité, mais aussi sur l’agriculture bio, sur la restauration des bâtiments, insiste-t-il. Mais, j’ai la conviction que si l’on veut changer d’échelle et réussir la transition écologique, c’est au niveau européen qu’on doit le faire. »

Dans la salle où les drapeaux européens et français s’agitent, le député UDE des Bouches-du-Rhône, François-Michel Lambert maugrée contre ses alliés LRM : « Sur l’écologie, ils n’ont toujours pas compris l’urgence et excluent ceux qui ont des réponses. » Lui défend l’idée d’un ISF Vert, dont les entrées financeraient directement et uniquement la transition écologique.

Assise à quelques chaises, la députée LRM d’Arles, Monica Michèle, voit, elle, dans l’intervention du président Macron « un socle sur lequel on peut s’appuyer pour répondre aux citoyens ». Tout juste émet-elle un doute sur le redéploiement des services de l’Etat sur le territoire : « Sur une commune comme celle d’Arles, extrêmement étendue, ce sera un sacré défi. Il faudra sûrement une adaptation spécifique pour répondre aux besoins réels des habitants ».
« Les mesures sur les retraites, sur les mères isolées, les accompagnants, quinze millions de foyers concernés par la baisse de l’impôt sur le revenu… Tout cela parle aux gens dans ma commune », énumère, de son côté, Jean-Pierre Serrus, maire LRM de la Roque d’Anthéron, village de 5 500 habitants. « Il nous fallait du concret pour embrayer sur le terrain dès la sortie du grand débat. Les propositions du président nous apportent du grain à moudre », se satisfait l’élu.

Invitée surprise de la réunion, et star incontestée des selfies avec le public, Sibeth Ndiaye, elle, n’est pas intervenue sur scène. Arrivée dans la journée à Marseille, la porte-parole du gouvernement a visité un centre d’aide par la lecture dans le 3e arrondissement. Un contact public qui lui a permis de jauger, elle aussi, l’impact de l’intervention présidentielle. « Assez peu de gens l’avaient suivie et donc, c’est bien la preuve que c’est important de venir sur le terrain pour expliquer, raconter, faire de la pédagogie et faire découvrir aux gens qui ne sont pas accrochés aux chaînes d’infos ce qu’il s’est dit », convenait-elle. A Marseille, Sibeth Ndiaye a ainsi rappelé le souhait présidentiel émis la veille « de faire en sorte qu’il y ait plus de fonctionnaires sur le terrain et moins dans les administrations », mais aussi la volonté du chef de l’Etat de « réduire les inégalités sociales ». « Mais il faudra des semaines pour apporter la démonstration aux Français que les choses changent concrètement pour eux », reconnaît-elle. D’ici là, La République en Marche et sa liste Renaissance seront passées, le 26 mai, au révélateur de l’élection européenne.