En politique, toucher le fond a parfois des vertus. Surtout si l’on arrive à rebondir. Chez Les Républicains (LR), les abîmes sondagiers dans lesquels le parti s’est retrouvé après la défaite de François Fillon à la présidentielle ont eu un mérite : ils permettent aux dirigeants de LR de relativiser l’état actuel de l’opinion à leur égard. Depuis quelques semaines, les cadres du parti saluent ainsi sans relâche la « belle dynamique » ou la « remontée remarquable » dans les enquêtes à l’approche des élections européennes. Leur score selon les études d’opinion : 14 et même 15 % dans la dernière publication IFOP-Fiducial pour Paris Match en date du vendredi 26 avril. Un chiffre qui peut paraître bien décevant pour un parti qui a donné de si nombreux présidents à la Ve République. Un chiffre qui semble pourtant peu à peu s’imposer comme le seuil d’un score satisfaisant.

« Il y a une liste qui a une dynamique, il y a une liste qui a fait bouger les choses, il y a une liste qui va créer la surprise, c’est celle des Républicains, a prophétisé Laurent Wauquiez, président de LR, lors d’une réunion publique à Strasbourg, vendredi 26 avril. Pourquoi pensez-vous que les choses bougent pour nous ? Qu’en deux mois, nous avons gagné 7 points ? Parce que les Français veulent le choix, ils refusent d’être condamnés à la réédition de 2017, entre le chaos de Marine Le Pen et la déception d’Emmanuel Macron. »

« Il y a du mouvement »

« Il y a un an, beaucoup croyaient la droite en soins palliatifs. Un score de 15 % aux européennes serait le signal d’un sursaut. Et si la “renaissance”, c’était nous ? », avance Geoffroy Didier, candidat sur la liste et directeur de campagne pour la formation de droite, en référence au nom de la liste macroniste. « Un bon score, c’est être à 15 ou au-dessus, abonde la sénatrice des Yvelines Sophie Primas. Ce sont des élections compliquées où même Nicolas Sarkozy a eu un mauvais résultat en son temps. Ce qui ne l’a pas empêché d’être élu par la suite. »

L’entourage de Laurent Wauquiez scrute la moindre oscillation. Après tout, rappelle un de ses lieutenants, « le parti était à 10 % dans les sondages, voire à 8 à une époque, si on fait 14 ou 15, on double presque le score ». Si les proches du président de la formation en attribuent le mérite au trio de tête (François-Xavier Bellamy, Agnes Evren et Arnaud Danjean), ils rappellent aussi que c’est Laurent Wauquiez qui les a choisis. « Si on fait plus de 14, pour le premier grand test de Laurent Wauquiez, ce sera tout bénéfice pour lui », explique un député.

« Chaque parti a une stratégie de mise en valeur de ses chiffres, décrypte Fréderic Dabi, directeur général adjoint de l’institut de sondage IFOP. LR a gagné deux points entre le 16 avril et aujourd’hui. Ce n’est pas encore une vraie dynamique, mais il y a du mouvement. Ils parviennent notamment à récupérer les électeurs de François Fillon partis chez Emmanuel Macron. » Un « mouvement » que certains trouvent encore insuffisant. « Si on fait ce score, on est quoi ? Les champions du monde du selfie… », ironise un ténor. En revanche, « si on fait en dessous de 15, il faudra que Laurent Wauquiez comprenne qu’un président de parti n’a pas forcément vocation à le représenter à l’élection présidentielle », explique un autre. Si un sondage reste abstrait, le résultat du dimanche 26 mai dessinera beaucoup plus concrètement les rapports de force au sein de la droite.