Thomas Tuchel, le 27 avril, au Stade de France. / CHARLES PLATIAU / REUTERS

Avant la finale de Coupe de France face à Rennes, samedi 27 avril, Thomas Tuchel l’avait reconnu : « C’est un match très important pour le club et pour moi personnellement. » Sous pression, l’entraîneur allemand du Paris-Saint-Germain avait bien conscience qu’un revers contre les Bretons serait mal vécu, depuis Doha, par l’émir du Qatar Tamim Al-Thani, propriétaire du club depuis 2011.

Synonyme de fiasco pour le PSG version Qatar Sports Investments (QSI), battu (2-2, aux tirs au but) par Rennes après un match ébouriffant, Thomas Tuchel a accusé le coup au Stade de France.

Avec seulement deux titres dans son escarcelle (Trophée des champions et le titre en Ligue 1), l’ex-coach de Mayence et du Borussia Dortmund affiche un maigre bilan au terme d’une saison en demi-teinte, marquée par les improbables éliminations contre Manchester United, en huitièmes de finale de Ligue des champions (« un accident » selon M. Tuchel), et face à Guingamp, en quarts de Coupe de la Ligue. Sur le plan comptable, les joueurs parisiens n’avaient pas fait pire depuis l’exercice 2012-2013 (un seul titre, en championnat) et le règne de l’entraîneur italien Calo Ancelotti.

« Nous sommes fragiles »

Alors qu’il menait (2-0) sous l’impulsion de sa star brésilienne Neymar, revenue de blessure après trois mois de convalescence, le PSG de Tuchel s’est liquéfié, comme écrasé par l’enjeu. Le but contre son camp inscrit par Presnel Kimpembé, l’expulsion de Kylian Mbappé en prolongation et le tir au but manqué par Christopher Nkunku ont témoigné d’une certaine nervosité et d’une propension à s’autodétruire lors des échéances importantes.

Très affecté par cet échec, malheureux dans ses choix durant la rencontre, l’entraîneur allemand n’a pas ménagé ses joueurs, après leur défaite face au Stade Rennais du « trublion » Hatem Ben Arfa, mis au placard - ironie de l’histoire - par son prédécesseur Unai Emery (2016-2018) lors de son passage dans la capitale.

« Nous sommes fragiles. On ne fait pas ce qui est nécessaire pour marquer un troisième but, un quatrième, a tempêté le quadragénaire, connu pour son tempérament éruptif. On manque de constance dans le jeu, pas seulement dans le jeu offensif mais aussi défensivement, dans la protection des espaces, la prévention des contre-attaques. On n’est pas clinique. Nous ne sommes pas attentifs aux détails. Je suis surpris. »

Confronté à une série de blessures depuis plusieurs semaines, le technicien a, certes, assumé ses responsabilités tout en déplorant les conditions dans lesquelles il travaille actuellement : « On a perdu notre intensité après la trêve. Depuis des semaines, on a perdu des joueurs. On doit réfléchir. Les résultats sont là, nous ne sommes pas satisfaits. Hier, je pensais que Thiago Silva (laissé au repos) était sûr de jouer. Ce matin, je ne savais pas si Kylian (dont la séance d’entraînement a été écourtée la veille de la finale) allait jouer. Chaque match, j’ai 14 joueurs, deux blessés donc on ne peut pas être fiable dans la durée des performances. »

« Je veux continuer au PSG »

Choisi par l’émir du Qatar pour faire passer un cap au club sur la scène européenne, au printemps 2018, M. Tuchel s’est senti obligé de préciser qu’il souhaitait « continuer au PSG » malgré cette nouvelle désillusion. L’Allemand avait donné l’impression d’affirmer son autorité en interne depuis qu’il a prolongé, fin mars, son contrat avec Paris d’une année supplémentaire : il est désormais lié au club jusqu’en juin 2021. L’extension de ce bail n’a cependant toujours pas été officialisée par les dirigeants du PSG, qui priaient pour que Tuchel décroche la Coupe de France contre Rennes, le 27 avril. Cette prolongation va-t-elle être remise en cause par la perte du trophée, que le club détenait depuis 2015 ?

Avant l’Allemand, aucun entraîneur du PSG version QSI ne s’était arrogé une telle liberté de ton. En ce début de printemps, Thomas Tuchel n’avait pas hésité à s’en prendre implicitement à son directeur sportif, le Portugais Antero Henrique, avec lequel il entretient des relations polaires. Conforté par M. Al-Khelaïfi, le Lusitanien est notamment à l’origine de la mise à l’écart du milieu Adrien Rabiot, qui a refusé de prolonger son contrat avec son club formateur, et de la venue, en janvier 2018, de Lassana Diarra, dont le bail vient d’être résilié. Deux décisions contestées par M. Tuchel.

Marge de manœuvre

« La saison ratée » du PSG, selon la formule du défenseur brésilien Marquinhos, pose la question de la marge de manœuvre dont va disposer ou non l’entraîneur, fragilisé par ce premier exercice décevant, dans l’optique de la prochaine saison. Conservera-t-il ses prérogatives au sein d’un club miné par les tensions et les guerres picrocholines ?

S’il a réussi à imprimer sa marque au PSG, auteur d’un début de saison canon avant de s’écrouler, l’entraîneur allemand aspire à avoir davantage la main sur le recrutement du club. Lequel sera obligé de céder plusieurs joueurs pour satisfaire aux exigences du fair-play financier. Les dirigeants parisiens donneront-ils davantage de responsabilités à M. Tuchel à l’intersaison ? La décision appartient à l’émir du Qatar.