Manifestation à Paris, le 27 avril. / ZAKARIA ABDELKAFI / AFP

Syndicalistes, autonomes, « gilets jaunes », écologistes… de nombreuses organisations et collectifs ont appelé aux rassemblements à l’occasion du 1er-Mai, à Paris et dans de nombreuses villes de France, dans un contexte tendu par plus six mois de crise sociale et vingt-quatre samedis de manifestations des « gilets jaunes ».

Les cortèges syndicaux devraient, à l’occasion de la Journée internationale des travailleurs, croiser de nombreux « gilets jaunes » pour un acte XXV exceptionnellement avancé à la journée de mercredi. Le ministère de l’intérieur anticipait, mardi matin, à 115 000 le nombre de manifestants, dont 25 000 à 35 000 à Paris. Un important dispositif policier sera mis en place.

  • Un appel aux rassemblements pour le climat

Près de six semaines après d’importantes manifestations pour le climat, à l’initiative notamment des élèves et étudiants, les revendications de lutte contre le réchauffement climatique seront de nouveau présentes dans la rue le 1er-Mai. A Paris, un rassemblement est annoncé au départ du Panthéon, dans le 5e arrondissement, à 11 heures – mardi matin, 5 000 personnes s’étaient déclarées intéressées sur la page Facebook des organisateurs. Les manifestants prendront la direction des environs de la gare Montparnasse, dans le 15e arrondissement pour un « pique-nique climatique social et démocratique ».

Notamment initié par le collectif « Unis pour le climat », cet appel au rassemblement concerne aussi les villes d’Annecy, Bayonne, Bordeaux, Lyon et Brest.

  • De nombreux cortèges syndicaux

Les militants pour le climat rejoindront pour le déjeuner un des deux principaux cortèges syndicaux annoncés à Paris : la Confédération générale du travail (CGT), la Fédération syndicale unitaire (FSU), Solidaires, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et l’Union nationale lycéennes (UNL) défileront ensemble au départ de Montparnasse, à 14 h 30. Ils prendront la direction de la Place d’Italie, où ils seront rejoints par l’antenne d’Ile-de-France de Force ouvrière (FO) et la Confédération nationale du travail (CNT), qui partira de son côté de la Place des Fêtes (19e arrondissement) en direction de la Place de la République, dès 11 heures. De nombreux rassemblements semblables sont organisés par la CGT alliée à d’autres syndicats et organisations partout en France (à Lille, Strasbourg, Rennes, Nantes, Bordeaux, Albi…).

De leur côté, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Union nationales des syndicats autonomes (UNSA) organisent un peu plus tôt un rassemblement sur la Place de l’Odéon, dans le 5e arrondissement de Paris, dès 11 heures. En défilant tout près du trajet sélectionné par la mobilisation pour le climat, les syndicats dits « réformistes » défileront autour de la thématique de « l’Europe sociale et écologique », a précisé au Monde Marylise Léon, la numéro deux de la centrale cédétiste.

  • L’acte XXV des « gilets jaunes » avancé

La multiplication des appels à la manifestation du 1er-Mai a donné l’opportunité aux « gilets jaunes » de faire de cette journée un acte XXV, le premier depuis le 17 novembre 2018 a ne pas avoir lieu un samedi. Sur Facebook, un événement intitulé « Rassemblement historique à Paris pour la démocratie » et suivi par 13 000 personnes proposait d’emprunter le même parcours que celui du cortège pour le climat, tout en se distinguant par ses revendications : les organisateurs disent par exemple « soutenir la mise en place d’une réforme globale de nos institutions obsolètes » et appellent à « plus de justice fiscale » ainsi que « moins de corruption, moins d’élus, moins de privilèges ».

Le collectif Cerveaux non disponibles diffuse, quant à lui, l’ensemble des horaires des cortèges, encourageant les manifestants « gilets jaunes » à participer à plusieurs d’entre eux. « Le 25e rendez-vous des GJ n’est pas comme les autres », commente l’appel à la mobilisation, qui évoque « des annonces qui n’ont convaincu personne en dehors de la République en Marche », faisant référence à la conférence de presse tenue, le 25 avril, par Emmanuel Macron.

  • Un « Benalla bloc » en tête de cortège à Paris

Le 1er-Mai 2018 est par ailleurs la date qui marque le début des « affaires Benalla », du nom de l’ex-chargé de mission de l’Elysée mis en examen notamment pour avoir, comme nous le révélions en juillet 2018, molesté un manifestant ce jour-là Place de la Contrescarpe, à Paris. L’organisation Attac France et le même collectif Cerveaux non disponibles ont lancé sur Facebook un événement appelé « Benalla, un an déjà ! » et encouragent les manifestants à venir affublés d’un masque reprenant le visage d’Alexandre Benalla et de constituer un « Benalla bloc » au sein du cortège, notamment constitué par la CGT.

  • Des mobilisations à Toulouse, Caen, Bordeaux…

Si Paris devrait concentrer près d’un quart des manifestants, de nombreuses manifestations sont annoncées partout en France. A Caen, la préfecture du Calvados a annoncé interdire tous les cortèges, sauf celui organisé par plusieurs syndicats, selon un communiqué de la préfecture transmis à l’Agence France-Presse. La décision fait suite à plusieurs interdictions de rassemblements par la préfecture ces dernières semaines, à l’occasion des manifestations de « gilets jaunes ».

Le Collectif bordelais pour les droits des femmes a appelé à un rassemblement distinct de celui des syndicats et des « gilets jaunes » à l’occasion du 1er-Mai. Ces derniers devraient représenter près d’un tiers des manifestants à Bordeaux, selon les estimations du ministère de l’intérieur, dans une ville devenue (avec Toulouse) l’une des places fortes du mouvement depuis le mois de novembre 2018. Avec Montpellier, Rennes et Nancy, la préfecture d’Occitanie fait par ailleurs partie des villes dans lesquelles le ministère de l’intérieur a identifié la mobilisation de « l’ultra-gauche » pour la fête du 1er-Mai.