Des manifestants courent lors d’affrontements avec les forces de sécurité gouvernementales à Caracas, au Venezuela, le 30 avril 2019. / CARLOS GARCIA RAWLINS / REUTERS

Le 1er-Mai risque d’être particulièrement troublé à Caracas. Le chef de file de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido, a dit, mardi 30 avril, avoir entamé « la phase finale » de son projet de renversement du président Nicolas Maduro, appelant la population et l’armée au soulèvement.

Après un retour au calme relatif mardi en fin de journée, les manifestants pro-Guaido devraient descendre de nouveau dans la rue mercredi 1er mai. C’était cette date qui avait été choisie il y a dix jours par le principal opposant à Maduro pour organiser « la plus grande manifestation de l’histoire » du Venezuela, afin de contraindre l’actuel président en exercice à quitter le pouvoir.

  • Que s’est-il passé le 30 avril ?

A l’aube du 30 avril, Juan Guaido a publié une vidéo sur les réseaux sociaux, annonçant depuis la base de La Carlota, près de Caracas, qu’un groupe de soldats l’avait rallié. Il était impossible de connaître, mercredi matin, le nombre de militaires ayant décidé de soutenir l’opposant de Maduro.

Le gouvernement en place a affirmé qu’ils n’étaient qu’« un petit groupe de traîtres » et a dénoncé « une tentative de coup d’Etat ». Les forces de l’ordre loyalistes ont été envoyées aux abords de la base.

Des échauffourées ont éclaté entre celles-ci et les quelque 3 000 manifestants pro-Guaido présents. Selon le ministre de la défense, un soldat vénézuélien fidèle au président Nicolas Maduro a été blessé par balle face à la base militaire, désignant comme responsables « les dirigeants politiques de l’opposition ». Selon les services de santé locaux, au moins 69 personnes ont été blessées, dont deux par balle.

Mardi matin, un véhicule blindé a d’ailleurs foncé sur un groupe de manifestants pro-Guaido non loin de La Carlota, selon des images diffusées sur des chaînes locales et étrangères.

Guaido a ensuite quitté la base aérienne et s’est rendu place Altamira, perché sur un pick-up et entouré d’une foule l’acclamant et criant : « Sí se puede ! » (Oui, on peut !) Mardi soir, dans une vidéo, Juan Guaido a appelé à la poursuite des manifestations le 1er-Mai.

De son côté, Nicolas Maduro a déclaré dans une intervention à la télévision publique que « le but du jour était de faire le spectacle » et que « leur plan a échoué, leur appel a échoué, parce que le Venezuela veut la paix ».

  • Comment la communauté internationale a-t-elle réagi ?

La Colombie, qui soutient Juan Guaido, a demandé une réunion d’urgence du groupe de Lima, qui réunit treize pays latino-américains et le Canada, afin de soutenir « le retour de la démocratie et de la liberté au Venezuela ». Parmi les autres figures internationales majeures ayant réitéré leur soutien à Guaido figurent également le président brésilien, Jair Bolsonaro, le président américain Donald Trump, ainsi que le président du Parlement européen, Antonio Tajani.

De son côté, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, a appelé mardi soir à la « plus grande retenue » au Venezuela. « L’Union européenne suit de près les derniers événements au Venezuela. Nous réaffirmons qu’il ne peut y avoir qu’une solution politique, pacifique et démocratique pour sortir des crises multiples qu’affronte le pays », a-t-elle déclaré dans un communiqué.

Le président bolivien, Evo Morales, a, lui, dénoncé une « tentative de coup d’Etat de la part de la droite soumise aux intérêts étrangers », tout comme ses homologues cubain et turc. Recep Tayyip Erdogan avait d’ailleurs lui aussi fait face à un coup d’Etat le 16 juillet 2016, violemment réprimé.

De son côté, Madrid a appelé à éviter « une effusion de sang ». « Pour nous, Guaido était et est le représentant légitime pour mener la transition. Il n’y a aucun doute à cela. Mais l’Espagne ne soutient aucun coup d’Etat », a déclaré la porte-parole du gouvernement espagnol, Isabel Celaa. Le gouvernement espagnol a, par ailleurs, confirmé au Monde que l’un des leaders de l’opposition vénézuélienne, Leopoldo López, libéré mardi de sa résidence surveillée par les militaires soutenant Juan Guaido, avait été accueilli avec sa femme et ses filles dans la résidence de l’ambassadeur d’Espagne au Venezuela.

  • D’où vient cette opposition entre Guaido et Maduro ?

Depuis le 23 janvier, le Venezuela, confronté à la plus grave crise de son histoire avec une économie au ralenti, une monnaie naufragée et des pénuries, compte de fait deux présidents : le député de centre droit Juan Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, et le chef de l’Etat, le socialiste Nicolas Maduro, soutenu par la Chine et la Russie. De fait, c’est ce dernier qui gouverne actuellement le Venezuela, depuis sa réélection, en mai 2018, au cours d’un scrutin qui n’a été reconnu ni par l’Union européenne ni par les Etats-Unis.

Du fait de l’hyperinflation (10 000 000 %) et du chômage (44,3 %) subis par la population sous le mandat de Maduro, plus de trois millions de Vénézuéliens sont partis vivre à l’étranger, selon l’Organsisation des Nations unies (ONU).

Venezuela : pourquoi Trump veut tant le départ de Maduro
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