Jack Lang lors des funérailles de Philippe Gildas, le 5 novembre 2018. / GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP

Les costumes offerts par le propriétaire de la marque Smalto à Jack Lang constituent-ils un abus de biens sociaux ? C’est ce que va tenter de déterminer la brigade financière, saisie par le parquet de Paris vendredi 12 mars pour mener une enquête préliminaire, a appris Le Monde, confirmant une information de L’Obs.

Cette enquête préliminaire fait suite aux révélations de l’hebdomadaire quelques jours plus tôt. Selon les informations de L’Obs, l’ancien ministre de la culture et de l’éducation nationale et l’actuel président de l’Institut du monde arabe s’est vu offert pour 195 600 euros de costumes et pantalons par le propriétaire de la marque Smalto, Alain Duménil, entre 2013 et 2018.

Selon L’Obs, ces cadeaux remonteraient même au début des années 2000 du temps du créateur de la marque, Francesco Smalto. Une affirmation confirmée par Laurent Merlet, avocat de M. Lang. Lors des révélations de l’hebdomadaire, il avait affirmé à l’AFP que son client s’était « bien vu offrir des costumes par la société Smalto depuis quelques années. Mais cela s’est fait à l’initiative du créateur Francesco Smalto », mort en 2015. « La maison Smalto n’a jamais adressé aucune facture à M. Lang » et « ses cadeaux n’ont jamais eu aucune contrepartie », avait-il ajouté.

Ces cadeaux auraient cependant dû être déclarés à l’Assemblée nationale, où M. Lang a siégé entre 2002 et 2012 en tant que député du Pas-de-Calais. En effet, depuis avril 2011, tous les députés sont tenus de déclarer au déontologue de l’Assemblée nationale « tout don ou avantage d’une valeur supérieure à 150 euros dont ils ont bénéficié ».

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« Tradition d’ambassadeur  »

« Ce n’est pas la première fois que des couturiers proposent à Jack Lang de l’habiller. Depuis quarante ans, il a reçu ainsi des cadeaux compte tenu de sa notoriété. Cela s’inscrit dans une sorte de tradition d’ambassadeur de la marque », avait souligné Me Merlet.

Il y a deux ans, Le Journal du dimanche avait révélé que l’avocat Robert Bourgi, figure des réseaux de la « Françafrique », avait commandé à la maison Arnys des costumes de luxe d’une valeur de 13 000 euros pour François Fillon, jetant un peu plus l’opprobre sur le candidat de la droite à la présidentielle, déjà plombé par les soupçons d’emplois fictifs dont aurait bénéficié son épouse. Dans cette affaire du « Penelopegate », des juges d’instruction parisiens ont rendu leur ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel le 19 avril pour l’ancien premier ministre et sa femme, ainsi que pour son ancien suppléant à l’Assemblée nationale.