Deux jeunes Vénézuéliens blessés dans les heurts lors des manifestations contre Nicolas Maduro, mardi 30 avril et mercredi 1er mai, sont morts jeudi, portant à quatre le nombre des manifestants tués dans ces échauffourées qui les ont opposés aux forces de l’ordre, a-t-on appris auprès de l’opposition et des familles.

Yosner Graterol, 16 ans, a été blessé mardi dans une manifestation organisée dans la ville de La Victoria (nord), et Yoifre Hernandez, 14 ans, a été touché en marge de la manifestation contre le président vénézuélien à Caracas mercredi, ont annoncé deux députés de l’opposition.

Selon l’Observatoire vénézuélien du conflit social, ces quatre morts portent à 57 le nombre de personnes mortes lors de manifestations anti-Maduro depuis le début de l’année, qui ont également fait 239 blessés.

Malgré l’échec de la manifestation de mercredi, censée être, selon le président par intérim autoproclamé, le point final de l’opération « Liberté » qui devait le mener au palais présidentiel de Miraflores, Juan Guaido avait appelé dans la soirée à maintenir la pression dans la rue et à réaliser des « grèves par secteurs » jusqu’à « arriver à la grève générale ». Mais jeudi, la tension était retombée, les rues de Caracas étaient calmes et « l’offensive finale » avait, semble-t-il, fait long feu.

Le président Nicolas Maduro, en revanche, a rassemblé jeudi matin quelque 4 500 soldats dans la cour du fort Tiuna, la principale caserne du Venezuela, pour une cérémonie radiotélévisée destinée à montrer qu’il tient encore le gros de l’armée, pilier du pouvoir vénézuélien. « Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes », a asséné le chef de l’Etat.

Chasse aux « traîtres »

« Loyauté toujours, trahison jamais ! », a lancé le président vénézuélien, flanqué de son ministre de la défense, le général Vladimir Padrino, et de plusieurs hauts gradés, reprenant un slogan scandé dans toutes les réunions et manifestations du pouvoir vénézuélien.

Ce discours s’inscrit dans la continuité de la chasse aux « traîtres » que Nicolas Maduro a lancée dès mardi soir, lorsqu’il a affirmé avoir déjoué l’« escarmouche putschiste » entreprise par un groupe de militaires entrés en rébellion pour rejoindre Juan Guaido, reconnu président par intérim par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis.

Au Venezuela, un 1er-Mai sous forme de bras de fer entre Maduro et Guaido

Au cours de la cérémonie de jeudi, le général Padrino a réaffirmé la « loyauté » des troupes « au commandement suprême des forces armées, le seul et unique président, le président Nicolas Maduro ».

L’armée est une actrice fondamentale dans l’équilibre du pouvoir vénézuélien. Elle tient le secteur pétrolier, le poumon économique du Venezuela, dont le pays tire 96 % de ses revenus, et plusieurs ministères.

Trump appelle à la fin de la « répression »

Jeudi, le président américain, Donald Trump, a appelé à la fin de la « répression brutale » au Venezuela, qui « doit s’achever rapidement ». « Les gens ont faim. Ils n’ont pas de nourriture, ils n’ont pas d’eau dans ce qui fut l’un des pays les plus riches du monde », a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, qui ont reconnu l’opposant Juan Guaido comme président par intérim, ont adopté de strictes sanctions économiques pour tenter de pousser Nicolas Maduro vers la sortie.

Un responsable américain cité par l’Agence France-Presse a annoncé jeudi que le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, qui a réaffirmé mercredi qu’une intervention militaire américaine n’était pas exclue, discuterait de la situation au Venezuela en début de semaine prochaine avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, en marge d’une réunion en Finlande. Les deux hommes doivent participer lundi et mardi à une réunion ministérielle du Conseil de l’Arctique, à Rovaniemi, la capitale de la Laponie, dans le nord de la Finlande.

Lors d’un entretien téléphonique mercredi avec M. Lavrov, M. Pompeo a accusé Moscou d’avoir une attitude « déstabilisante pour le Venezuela et pour la relation bilatérale Etats-Unis - Russie ». Le chef de la diplomatie américaine a également « pressé la Russie de mettre fin à son soutien à Nicolas Maduro ».

Sergueï Lavrov a répondu en dénonçant au cours du même entretien « l’influence destructrice » des Etats-Unis au Venezuela, estimant que « l’ingérence de Washington » était « une violation flagrante du droit international », selon un communiqué du ministère des affaires étrangères russe. Il a aussi critiqué les menaces d’intervention militaire américaine.

Mardi, le secrétaire d’Etat américain avait affirmé que Nicolas Maduro était prêt à s’envoler le matin même pour Cuba, sous la pression de l’opposition, avant d’en être dissuadé par la Russie, ce que Moscou et Caracas ont démenti.