Nigel Farage, leader du Parti du Brexit, lors de son premier meeting de campagne pour les élections européennes. A Birmingham, le 13 avril 2019. / DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

« I’m back. » Avec son habituel rire en cascade, Nigel Farage déboule sur scène, devant une foule conquise. Plus de quatre cents personnes s’entassent ce mardi 30 avril dans une salle qui déborde de partout à Newport, une petite ville du Pays-de-Galles. Une bonne centaine d’entre elles ont dû rester debout, faute de place.

Le trublion de la politique britannique, ancien leader du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), n’avait jamais disparu depuis le référendum sur le Brexit en juin 2016, avec une présence médiatique constante ; mais il vient de reprendre du service politique officiellement, en créant le tout nouveau Parti du Brexit.

La « trahison » du référendum de 2016

Si les élections européennes ont lieu dans trois semaines (23 mai) au Royaume-Uni, tout indique qu’il va les remporter. Les sondages le créditent de 27 % à 30 % des voix, loin devant les travaillistes (de 21 % à 27 %), mais surtout les conservateurs (de 13 % à 16 %).

De ville en ville, M. Farage fait un triomphe avec un message simple : la trahison du référendum de 2016, où les électeurs avaient voté à près de 52 % pour une sortie de l’Union européenne. « Je n’arrive pas à croire à quel point la classe politique a trahi le plus grand mandat politique populaire de l’histoire du Royaume-Uni. »

Le leader d’extrême droite n’a pas besoin de mentionner l’immigration ou le détail des bienfaits du Brexit, le sujet n’est plus là. « Il s’agit de l’avenir de notre pays : sommes-nous une démocratie qui respecte le vote des gens ou sommes-nous un pays du tiers-monde ? »

Nigel Farage et l’ancienne ministre conservateur Ann Widdecombe, à Londres le 24 avril. / Stefan Rousseau / AP

Son nouveau parti, débarrassé de la dérive islamophobe et xénophobe du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), désormais en perdition, a recruté une arme de choix. Ann Widdecombe, 77 ans, avec un accent qui roule les « r », est une ancienne ministre conservatrice des années 1990, devenue extrêmement populaire ces dernières années dans des émissions de télé-réalité.

« Si on avait été dirigés par ces rigolos à l’époque [de la guerre], on se serait rendus à Dunkerque. »

« Notre gouvernement demande depuis trois ans l’aimable permission aux Européens de sortir de l’UE. Mais on n’a pas besoin de leur permission ! », lance-t-elle sous les vivats. Elle ­appelle l’inévitable seconde guerre mondiale en renfort. « Si on avait été dirigés par ces rigolos à l’époque, on se serait rendus à Dunkerque. »

A Newport, pourtant un bastion travailliste, la foule venue le voir est largement composée d’anciens électeurs de l’UKIP et d’anciens conservateurs. « J’ai toujours voté Tory mais ce parti ne nous représente plus, explique Callum Vega. Ils nous ont trahis. » Pour lui, le refus de la première ministre Theresa May d’aller au « no deal » le 29 mars, date théorique initiale du Brexit, est inexcusable. « Il s’agit de défendre notre démocratie, qui est en danger, renchérit Suzanne Plake. Notre vote [pour le Brexit] doit être respecté. »