Le drone utilisé par Wing Aviation est un hybride, entre multicoptère et aile volante. / Wing Aviation

Après des mois de négociations et d’expériences menées de l’Australie à la Finlande, Wing Aviation, filiale d’Alphabet, la maison mère de Google, vient d’obtenir le statut de compagnie aérienne. La certification accordée par la Federal Aviation Administration (FAA), l’équivalent de la Direction de l’aviation civile aux Etats-Unis, va lui permettre d’entamer un service commercial dans le sud-ouest de l’Etat de Virginie. C’est la première fois aux Etats-Unis qu’une autorisation est accordée à un projet de livraison par drone. Selon Elaine Chao, secrétaire d’Etat aux transports, cette décision représente « un pas important pour essayer d’intégrer les drones dans notre économie en toute sécurité ».

Dans les mois qui viennent, Wing Aviation va desservir les zones – montagneuses et à faible densité de population – de Blacksburg et Christiansburg, non loin de Virginia Tech, école polytechnique de Virginie qui a participé aux études menées par Google. Le statut de compagnie aérienne était indispensable pour obtenir un tel feu vert, la réglementation relative aux drones, adoptée en 2016, interdisant, entre autres, les vols hors vue, mais aussi les livraisons opérées dans un cadre commercial. La société, qui assure avoir opéré 70 000 vols tests et réalisé plus de 3 000 livraisons à des consommateurs australiens, s’est engagée à respecter un strict protocole de sécurité.

Une poulie pour déposer les colis

L’appareil mis au point par Wing Aviation est un hybride de multicoptère (comme une sorte de petit hélicoptère, il utilise jusqu’à douze hélices pour décoller, atterrir et se maintenir en vol stationnaire) et d’aile volante grâce à deux hélices supplémentaires lui permettant d’évoluer à l’horizontale, comme un avion. Il peut transporter des chargements de 1,5 kg, voler pendant dix minutes et engendre, selon ses concepteurs, « une empreinte carbone vingt-deux fois inférieure » aux modes de livraison classiques. Un système de poulie lui permet de déposer un paquet devant le domicile du client.

Un receptacle situé sous le ventre de l’appareil permet de tansporter le colis qui sera déposé grâce à une poulie.

Wing Aviation va entourer de multiples précautions le lancement de ses premières opérations commerciales, envisagées avant la fin de l’année. De nombreuses enquêtes seront menées auprès de la population afin de s’assurer que les éventuelles nuisances provoquées par ses drones ne risquent pas d’engendrer des réactions de rejet. En Australie, le vrombissement des quatorze hélices des Google drones avait suscité quelques récriminations.

Wing Aviation assure que les images vidéo utilisées pour assurer le pilotage à distance des appareils ne seront pas archivées, afin de respecter la vie privée des populations

Les produits livrés – alimentaires, pour l’essentiel, voire des produits pharmaceutiques – proviendront de commerces situés à Blacksburg et Christiansburg, a-t-il été précisé. Enfin, Wing Aviation assure que les images vidéo utilisées pour assurer le pilotage à distance des appareils ne seront pas archivées, afin de respecter la vie privée des populations. Elles ne pourront être utilisées qu’à des fins « d’analyse technique ».

Si elle se révèle concluante, cette expérience grandeur nature doit permettre à Wing Aviation d’étendre son maillage de services de livraisons aériennes automatisées aux Etats-Unis. Il devrait aussi permettre à d’autres projets, comme ceux engagés de longue date par Amazon mais aussi DHL ou UPS, de décrocher eux aussi des autorisations afin d’effectuer des livraisons dans un cadre commercial.