Leurs silhouettes fluides, singulières tranchent depuis 1967 avec le paysage de la petite commune rurale de Raon-l’Etape, dans les Vosges. Mais avec les années, les curiosités architecturales utopiques que constituent les maisons-bulles, pensées par l’architecte suisse Pascal Haüsermann, se sont transformées en gouffre financier pour leurs propriétaires. Vendredi 3 mai, ils les ont cédées au cours d’une brève vente aux enchères qui s’est tenue à Epinal, sans attirer les foules et pour une somme minime. L’ensemble de onze maisons n’a été adjugé qu’à 120 000 euros.

A l’intérieur d’une des maisons-bulles de Pascal Haüsermann, Raon-l’Etape, France, le 27 avril 2019. / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

L’acquéreur, Christophe Péchet, est âgé d’une cinquantaine d’années, travaille à Paris et est originaire des Vosges, selon son avocat, Me Alain Bégel. « Sa grand-mère maternelle était vosgienne et il a séjourné pendant des années pendant ses vacances » à Raon-l’Etape, où elle habitait, a-t-il précisé, le disant « très attaché au lieu » et porteur d’un « véritable projet » pour ces maisons-bulles.

Espoir d’une meilleure issue

Les maisonnettes en forme de bulle, situées sur un terrain de 4 100 m2, séparé du reste de la commune par un cours d’eau, la Plaine, avaient été acquises en 2006 pour 180 000 euros par cinq amis, passionnés par l’architecte utopiste et les années 1950 à 1970. Ils avaient transformé le site en structure hôtelière, le ramenant à sa vocation première.

a l’intérieur d’une des maisons-bulles de Pascal Haüsermann, Raon-l’Etape, France, le 27 avril 2019. / JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

En raison d’une baisse de fréquentation et du poids des prêts bancaires, contractés pour financer l’acquisition et les travaux de rénovation, l’ensemble architectural, baptisé île Haüsermann, avait été placé en redressement judiciaire en 2015, puis fermé. Les onze bulles blanches, composées d’une structure métallique et de voile de béton projeté, avaient été classées aux monuments historiques en 2015.

« C’est un moment très difficile, une partie de notre vie s’en va, toute l’implication d’une décennie s’envole en quelques minutes d’enchères », a confié, très ému, Joël Morel, l’un des propriétaires. Avec 120 000 euros, « on est loin du compte par rapport à l’investissement qu’on a mis dans ce lieu. Il n’y a pas encore le compte pour rembourser tout ce que l’on doit », a-t-il ajouté. Mais « on espère qu’il y aura une meilleure issue au terme des dix jours », a-t-il glissé.