Michael Cohen, U.S. President Donald Trump's former lawyer, speaks to the media as he leaves his apartment building to report to federal prison in the Manhattan borough of New York, New York, U.S., May 6, 2019. REUTERS/Carlo Allegri / CARLO ALLEGRI / REUTERS

Après des aveux retentissants et des auditions spectaculaires au Congrès, Michael Cohen, l’ex-avocat personnel de Donald Trump, est entré, lundi 6 mai, en prison pour purger une peine de trois ans qu’il juge injuste, lui qui assure n’avoir fait qu’exécuter les ordres du président américain.

« Il reste encore beaucoup de choses à dire (…), j’ai hâte d’arriver au jour où je pourrai partager la vérité », a affirmé, lundi, l’ancien avocat de Donald Trump, juste avant de rejoindre le pénitencier d’Otisville, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de New York, où il est entré peu avant midi, heure locale (18 heures, heure de Paris).

Michael Cohen a été condamné à trois ans de prison en décembre après avoir reconnu avoir acheté le silence de deux ex-maîtresses présumées de M. Trump pendant la campagne présidentielle de 2016 – en violation des lois électorales –, avoir fraudé sur ses impôts et avoir menti au Congrès.

Père de deux enfants d’une vingtaine d’années, il avait espéré jusqu’au dernier moment une réduction de peine, offrant aux enquêteurs des informations potentiellement compromettantes sur Donald Trump et ses proches, notamment dans le cadre de l’enquête russe, pour qu’ils demandent au juge de réduire sa sentence. En vain : même si l’ex-avocat est cité une centaine de fois dans le rapport d’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les ingérences russes dans la campagne de 2016 et que certaines de ses révélations ont déclenché l’ouverture de nouvelles enquêtes, les procureurs n’ont pas bougé.

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« Ce n’est pas moi qui ai couché avec une star du porno »

Ce fils d’un rescapé de l’Holocauste et d’une infirmière se retrouve ainsi l’un des deux seuls proches du président incarcérés pour une durée substantielle, avec Paul Manafort, ex-directeur de campagne de Trump, condamné à sept ans et demi de prison.

Une injustice totale pour Michael Cohen, qui a travaillé dix ans pour la Trump Organization et assure que tous ses actes répréhensibles ont été commis « à la demande » du magnat new-yorkais, le traitant désormais d’homme « sans âme », capable de vouloir garder le pouvoir s’il perdait la présidentielle en 2020.

« Comment se fait-il que je sois seul [incarcéré] ? », déclarait-il récemment au magazine The New Yorker. « Je n’ai pas travaillé pour l’équipe de campagne, j’ai travaillé pour lui. Pourquoi est-ce moi qui vais en prison ? Ce n’est pas moi qui ai couché avec une star du porno. » « Je continuerai à m’interroger sur pourquoi Michael Cohen est la seule personne de la Trump Organization à être poursuivie pour des délits commis à la demande et au profit de M. Trump », a déclaré, lundi, son avocat, Lanny Davis.

Pour le président et ses alliés, l’incarcération de Michael Cohen, dont les révélations ont tenu les médias américains et la Maison Blanche en haleine pendant des mois, a un goût de revanche. Donald Trump l’a qualifié de « faible » et de « rat », prêt à tous les mensonges pour éviter la prison.

Un livre-révélation

Michael Cohen, désormais radié du barreau et à court d’argent, n’a cependant pas dit son dernier mot : il a évoqué devant le Congrès la possibilité d’écrire un livre et de faire adapter ses expériences à l’écran. Il suivrait ainsi l’exemple de John Dean, ex-avocat de Richard Nixon qui plaida coupable d’avoir acheté le silence des cambrioleurs dans l’affaire du Watergate, avant d’écrire plusieurs livres sur ses expériences.

Les conditions de détention d’Otisville devraient lui permettre de se consacrer au moins en partie à de tels projets. Il devrait être détenu dans le quartier basse sécurité du pénitencier, surnommé « le camp », où sont détenus les prisonniers considérés comme non dangereux, y compris de nombreux « délinquants à col blanc » comme lui. Otisville est souvent demandé par les juifs pratiquants, car on peut y manger casher et marquer le shabbat.

Bibliothèques, terrains de basket et de tennis font partie des distractions des quelque 120 détenus de cette aile, aux combinaisons kaki, selon un récent guide des prisons fédérales américaines.

Michael Cohen peut-il espérer sortir plus vite pour bonne conduite ? « Au mieux, il peut espérer une réduction de 15 % », soit quelque cinq mois de moins, explique Harlan Protass, avocat spécialiste en droit pénal. Et « il passera probablement les six derniers mois de sa sentence dans un établissement correctionnel de transition », dans des conditions de semi-liberté.

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