Laurentino « Nito » Cortizo s’adresse à ses partisans, le 5 mai 2019, à Panama City. / LUIS ACOSTA / AFP

Le tribunal électoral du Panama a annoncé, dimanche 5 mai, la victoire de Laurentino « Nito » Cortizo à l’élection présidentielle dans ce petit pays d’Amérique centrale, à l’issue d’un scrutin à un tour. Le candidat du Parti révolutionnaire démocratique (PRD), qui a fait campagne sur la lutte contre la corruption et les inégalités, sera le nouveau président du pays pour un mandat unique de cinq ans. Il a été élu de justesse face au candidat de droite, Romulo Roux.

Avec les bulletins dépouillés dans 92,51 % des bureaux de vote, le tribunal électoral a estimé que la tendance était « irréversible », en dépit de l’avance de seulement 2 % de M. Cortizo sur M. Roux. Le social-démocrate a recueilli 33,08 % des voix, contre 31,06 % pour son adversaire de droite, soit une différence de moins de 40 000 votes, selon la même source. Les deux hommes étaient loin devant le candidat indépendant Ricardo Lombana (19,34 %).

Une annonce formelle sera effectuée ultérieurement, a ajouté l’instance, précisant avoir pris en considération les réserves dont a fait part Romulo Roux. Le candidat du Changement démocratique (parti de droite) a dit avoir constaté des irrégularités dans certaines zones de votes. « Nous n’allons accepter aucun résultat électoral aujourd’hui », a déclaré M. Roux dans une vidéo publiée sur Twitter. « Nous allons procéder à un décompte public des bulletins afin de déterminer ce qui s’est réellement passé aujourd’hui », a-t-il ajouté.

M. Cortizo a dit que son rival avait le droit de contester les résultats, mais s’est proclamé vainqueur de l’élection. « Je suis satisfait (…) Nous avons gagné », a-t-il déclaré.

Relations avec la Chine

L’affaire Odebrecht, du nom de l’entreprise de construction brésilienne impliquée dans un vaste scandale de corruption, et celle des « Panama papers » sur l’évasion fiscale ont souligné l’importance des inégalités et la nécessité d’assainir la politique du pays. L’économie nationale, alimentée notamment par le canal, où transitent chaque année 270 milliards de dollars de marchandises, connaît l’une des croissances les plus soutenues au monde, ce qui suscite l’intérêt croissant de la Chine.

Sur les sept candidats en lice pour un unique mandat de cinq ans à la présidence, « Nito » Cortizo, 66 ans, faisait figure de favori. M. Cortizo était ministre de l’ancien président Martin Torrijos (2004-2009) et a démissionné pour cause de désaccord sur le traité de libre-échange avec les Etats-Unis.

M. Cortizo a promis d’approfondir les relations avec Pékin tout en affichant moins d’empressement que le président sortant, Juan Carlos Varela, qui ne pouvait se représenter et s’est attiré les foudres des États-Unis en confiant plusieurs grands projets d’infrastructure à des entreprises chinoises.

La plupart des candidats ont promis de réformer le mode d’attribution des marchés publics. Romulo Roux avait proposé, lui, de renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire en réformant la Constitution.