Equipes de secours autour du Soukhoï SSJ100 d’Aeroflot Airlines, à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo, le 6 mai. / Pavel Golovkin / AP

Manque d’expérience des pilotes, incident technique ou météo ? Les enquêteurs russes ont récupéré, lundi 6 mai, les enregistreurs de vol à bord de l’épave de l’avion de la compagnie Aeroflot détruit la veille par les flammes après un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo, d’où l’appareil, un Superjet-100, avait décollé peu auparavant à destination de Mourmansk.

De son côté, le commandant de bord, Denis Evdokimov, a mis en cause la foudre, des réservoirs de carburant pleins et un atterrissage violent pour expliquer l’accident. Si les circonstances exactes n’ont pas encore été officiellement révélées, le commandant de bord a rapporté aux médias russes que le Soukhoï Superjet 100 a dû effectuer un atterrissage d’urgence après avoir perdu une partie du matériel de bord en raison de la foudre.

« A cause de la foudre, nous avons perdu le contact radio et sommes passés en régime de pilotage minimal (…). C’est-à-dire sans ordinateur comme à l’ordinaire, mais de manière directe. En régime d’urgence », a expliqué le pilote dans les colonnes du tabloïd russe Komsomolskaïa Pravda. « Nous sommes parvenus à rétablir la liaison via la fréquence d’urgence, mais elle était courte et fonctionnait seulement par intermittence. (…) Nous avons pu dire quelques mots puis le contact a disparu », a-t-il ajouté. Selon le commandant de bord, c’est à cause du violent atterrissage que l’appareil a pris feu. « La raison est sûrement la suivante : les réservoirs étaient pleins », a-t-il indiqué.

Le Superjet-100, un appareil décrié

En tout, 78 personnes se trouvaient à bord de l’appareil lorsqu’il a été contraint de revenir à Moscou-Cheremetievo, quelques minutes après son décollage à destination de Mourmansk, où un deuil de trois jours a été décrété. Selon le Comité d’enquête, organisme chargé des grandes investigations en Russie, 41 personnes ont trouvé la mort. Neuf autres personnes ont été hospitalisées, dont trois dans un état grave. Selon une source citée par l’agence publique TASS, un citoyen américain se trouve parmi les personnes tuées. Le président Vladimir Poutine a présenté ses condoléances aux proches des victimes, selon son porte-parole Dmitri Peskov.

Les autorités russes n’ont pas l’intention de clouer au sol les Soukhoï Superjet-100 après l’accident, a fait savoir lundi le ministère des situations d’urgence, cité par l’agence RIA. Le Soukhoï Superjet-100, premier avion civil conçu par la Russie post-soviétique et destiné à faire concurrence au Brésilien Embraer et au Canadien Bombardier sur le marché des avions régionaux, était une source de fierté pour le pays à l’époque de son lancement en 2011.

Il est pourtant très décrié et peine à convaincre en dehors du marché russe, plusieurs compagnies étrangères qui l’exploitaient ayant préféré réduire ou arrêter son utilisation, évoquant des problèmes de fiabilité. Son lancement avait été terni par le crash d’un appareil en mai 2012 au cours d’un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts. Il a dû être immobilisé en décembre 2016 après la découverte d’un défaut dans la partie arrière de l’appareil.