Le chanteurJohn Fogerty (Creedence Clearwater Revival) lors de la conférence de presse annonçant l’édition anniversaire du festival de Woodstock,  le 19 mars 2019 à New York,. / Brendan McDermid / REUTERS

On ne refait pas Woodstock. Comme une malédiction, les déconvenues s’accumulent sur l’organisation du festival censé célébrer les 50 ans de l’iconique concert de 1969. Le 29 avril, le principal investisseur de l’événement prévu du 16 au 18 août à Watkins Glen (New York) a déclaré forfait. Amplifi Live, la filiale de Dentsu Aegis Network, a jugé que les conditions n’étaient pas réunies pour assurer un concert « digne de la marque Woodstock ». Ses responsables ont aussi évoqué des problèmes de sécurité et de santé publique.

Le producteur Michael Lang, un historique de 1969, promoteur du projet, veut pourtant croire que Woodstock 50 n’est pas mort, et que le « symbole de la culture et de l’histoire américaines » mérite d’être dignement célébré. Une confiance louable alors que le festival, annoncé en janvier, bute depuis sur toutes sortes d’obstacles : le nombre de spectateurs attendus, 100 000 par jour à l’origine, a déjà été réduit d’un quart, et certaines estimations tablent sur seulement 30 000 participants potentiels. Les autorisations de l’Etat et du comté concernés pour l’utilisation du site choisi se font attendre. En conséquence, la vente de tickets, une première fois reportée, n’a toujours pas été lancée. L’équilibre financier supposerait un droit d’entrée à… 450 dollars (402 euros).

« L’optimisme aveugle de cette année-là n’a plus sa place dans nos vies modernes. »

Pour l’heure, l’affiche reste alléchante : Miley Cyrus, The Raconteurs, Chance the Rapper, Imagine Dragons, entre autres jeunots, y côtoient les anciens, Santana ou Country Joe McDonald. Pas moins de 75 artistes ont été conviés. Une gageure financière et artistique alors que la scène musicale croule sous les mégaconcerts à longueur d’année.

Des déboires au goût de déjà-vu

Soucieux de faire de Woodstock 50 plus qu’un festival de musique, à l’instar de l’événement original ancré dans la culture hippie, M. Lang souhaitait aussi lui donner une dimension politique, portée par des organisations progressistes et des appels à aller voter pour l’élection présidentielle de 2020. Mais l’air du temps incite peu aux engagements collectifs. « Qu’est-ce que je pourrais y chanter ?, s’interroge dans le Washington Post le musicien John Sebastian, cinquante ans après sa prestation de 1969. L’optimisme aveugle de cette année-là n’a plus sa place dans nos vies modernes»

Ces déboires ont un goût de déjà-vu : en 1969, les organisateurs avaient dû changer le lieu du concert quelques semaines avant les quatre jours de déchaînements musicaux et sexuels immortalisés dans la boue d’un champ de Bethel (New York). Quant à Woodstock 1999, il est surtout resté dans les mémoires pour la canicule, les violences et les agressions sexuelles.