Les images de l’interpellation de manifestants le 1er mai sur un escalier menant à un service de réanimation de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière ont créé la polémique, attisée par les propos du ministre de l’intérieur, Christophe Castaner. En évoquant une « attaque » en marge du défilé parisien, le ministre de l’intérieur s’est retrouvé sous le feu des critiques, le contraignant vendredi à un mea culpa.

Pourtant, cette affaire peut en cacher une autre, rapporte Mediapart. Le site d’information a enquêté sur une vidéo, diffusée le 3 mai sur Révolution permanente, site Internet d’un courant du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), qui montre quatre voltigeurs, des policiers à moto, poursuivre et frapper Amadou, un étudiant de 23 ans habitant la résidence du Crous située dans l’enceinte de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière.

Pitié-Salpêtrière : la BAC s'introduit dans une résidence étudiante et matraque un étudiant
Durée : 00:50

Le 1er mai, intrigué par l’agitation en bas de l’immeuble, Amadou raconte être descendu voir ce qui se passait, tout comme son frère, Sadio, présent ce jour-là, et une autre étudiante, Olivia. Ils assistent aux incidents devant le service de réanimation, qui fait face à leur résidence, lorsqu’ils sont pris en sandwich entre un cordon de CRS venant du boulevard de l’Hôpital et les voltigeurs, qui les chargent.

Une enquête ouverte

« On regardait la manifestation à l’extérieur mais soudain des CRS se sont mis en bloc à l’entrée et ont chargé, d’un coup, a expliqué Olivia à Mediapart. Les CRS sont venus pour me frapper. J’ai reculé en répétant que je n’étais pas manifestante. Ils m’ont dit : “Vas-y, dégage !” »

Amadou repart vers la résidence. Dans une vidéo de 49 secondes, filmée par Loïc, un étudiant qui « habite dans la cité universitaire et observait la scène sans participer à la manifestation », on voit quatre policiers poursuivre et rattraper Amadou dans le hall et lui asséner des coups de matraque. « Je leur ai dit à plusieurs reprises : “J’habite ici.” J’avais mes papiers, les clés de ma chambre et j’étais prêt à tout leur montrer. Mais ils n’étaient pas là pour dialoguer, ils ne voulaient que la violence », a-t-il raconté à Mediapart. Il parvient à leur échapper dans les escaliers, suivi par Loïc et les policiers, qui finissent par abandonner.

Sadio, le frère d’Amadou, a lui aussi croisé le chemin des quatre policiers et a été frappé. Son médecin lui a accordé trois semaines d’arrêt pour des blessures à un coude et un genou.

Selon Mediapart, la Préfecture de police de Paris a saisi l’IGPN et une enquête est ouverte. La mère d’Amadou aurait souhaité qu’il porte plainte, en vain. « J’ai subi des contrôles au faciès en banlieue, donc je ne suis pas vraiment étonné, a-t-il dit. Ce n’est pas de la résignation mais du dépit… Avec toutes les violences policières qu’il y a, c’est une goutte d’eau dans l’océan. » Son frère Sadio n’a pas non plus porté plainte.