A deux semaines de la sortie en librairie de son édition 2020, le Petit Larousse illustré a laissé filtrer, mardi 7 mai, quelques-uns des 150 mots et expressions nouvelles qui ont fait leur entrée dans ce dictionnaire.

« Qu’est ce qu’un mot nouveau ? C’est un mot dont on pense qu’il va vivre, qui n’est pas un effet de mode, qui est dans l’usage oral et écrit », a expliqué, mardi 7 mai, le linguiste Bernard Cerquiglini au cours de la présentation de l’édition 2020 du dictionnaire dans un salon du Sénat.

Parmi les nouveaux mots du cru 2020, on trouve notamment « divulgâcher » (révéler prématurément) mais aussi « dédiésélisation » (ensemble des actions visant à réduire la proportion de véhicules à moteur diesel), le « bioplastique » (plastique biodégradable), sans lequel les océans deviendraient une « zone morte » (zone souffrant d’un appauvrissement en oxygène entraînant l’asphyxie de la faune marine).

Mutations sociétales

Les enjeux et problèmes environnementaux ne sont pas les seuls à enrichir le lexique francophone. Le dictionnaire est aussi le miroir des mutations sociétales, avec l’entrée de mots comme « adulescence » (phénomène générationnel où de jeunes adultes continuent d’avoir un comportement d’adolescent) ou « antispécisme » (qui refuse la hiérarchie entre les espèces animales).

Le monde économique a notamment fourni cette année le mot « ubériser » (rendre obsolète un modèle économique existant) et a donné un nouveau sens à « licorne » (start-up dont la valorisation dépasse le milliard de dollars).

Des mots d’origine anglaise font leur entrée dans le lexique comme « bore-out » (syndrome d’épuisement professionnel dû à l’ennui provoqué par le manque de travail), « deep learning » (technologie basée sur des réseaux de neurones artificiels) ou encore « darknet » (ensemble des réseaux permettant de partager de manière anonyme des données cryptées inaccessibles aux moteurs de recherche traditionnels).

« Une langue qui n’emprunte plus est une langue morte », se justifie Bernard Cerquiglini, qui souligne que l’anglais n’est pas le seul à fournir de nouveaux mots au français. Les mots des régions et ceux de la francophonie sont nombreux à faire leur entrée dans le dictionnaire.

« Klouker » (verbe venu de Bretagne pour « se goinfrer ») trop de « dagoberts » (« sandwich » en Belgique) vous laissera « gonfle » (adjectif provençal pour « rassasié »). Pour les personnes qui aiment faire la fête, on adoptera le mot belge « sorteur », le « taxieur » (chauffeur de taxi) vient d’Algérie et si l’on est cycliste gare au québécois « emportiérage » (percuter un cycliste en ouvrant sans précaution une portière).

Soixante-trois mille mots

Si de nouveaux mots entrent chaque année dans ce dictionnaire, combien en sortent ? « Quasiment aucun », assure Carine Girac-Marinier, qui dirige le département des dictionnaires et encyclopédies chez Larousse (groupe Hachette Livre). « Très peu de mots ont disparu. 90 % des mots qui étaient dans le dictionnaire de 1871 sont toujours dans le dictionnaire », explique-t-elle. Le millésime 2020 du Petit Larousse compte au total plus de 63 000 mots. En 1871, son ancêtre en comptait 35 000. Des refontes ont lieu tous les dix ou quinze ans. La dernière remonte à 2012.

Du côté des noms propres (28 000 noms et lieux), Didier Deschamps, le sélectionneur de l’équipe de France championne du monde de football, fait son entrée, tout comme la comédienne Cécile de France, le chanteur Étienne Daho, le cuisinier Marc Veyrat ou la Prix Nobel de la paix irakienne Nadia Murad.

« Chocolatine », « crayon à papier », « clenche »… d’où viennent ces mots de notre langue ?
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