Dernier grand bastion rebelle dans le nord-ouest de la Syrie, la province d’Idlib était la cible d’attaques importantes de l’armée syrienne et de ses alliés russes, mardi 7 mai, au lendemain de combats déjà intenses.

Au moins 53 combattants ont été tués depuis lundi dans ces affrontements entre les troupes loyalistes et les djihadistes menés par Hayat Tahrir Al-Cham (HTS, organisation formée par l’ex-branche d’Al-Qaïda) qui fragilisent l’accord de cessez-le-feu et pousse les civils à quitter leur foyer.

Ces violences sont parmi les plus meurtrières depuis que Moscou, allié du régime, et Ankara, parrain de certains groupes rebelles, ont dévoilé, en septembre 2018, un accord sur une « zone démilitarisée », qui devait séparer les territoires insurgés des zones gouvernementales et garantir un arrêt des hostilités. Cette initiative a permis d’éviter une offensive d’envergure du régime. Mais, depuis février, le pouvoir de Damas poursuit le pilonnage de la région. Et les bombardements de ces derniers jours, menés aussi par l’aviation russe, ont gagné en intensité.

Mardi, le chef de l’Etat français a exprimé dans un Tweet son « extrême préoccupation » face à « l’escalade de violence dans la région syrienne d’Idlib »« les frappes du régime et de ses alliés, y compris sur des hôpitaux, ont tué de nombreux civils ces derniers jours ». « La situation humanitaire en Syrie est critique et aucune option militaire n’est acceptable. Nous demandons l’arrêt des violences et soutenons l’ONU en faveur d’une nécessaire solution politique », a ajouté Emmanuel Macron.

Des dizaines de véhicules et de camionnettes, transportant femmes et enfants coincés entre les matelas et les piles d’effets personnels emportés à la hâte, ont encore fui le sud d’Idlib mardi en direction de secteurs plus au nord, relativement épargnés.

150 000 déplacés

Avec la recrudescence des hostilités, plus de 150 000 personnes ont été déplacées depuis février dans la région, selon les Nations unies. Lundi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les belligérants à protéger les civils, réclamant une « désescalade urgente ».

Ce même jour, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), neuf civils avaient été tués lors de raids russes ou de bombardements du régime. Des unités de l’armée ont tiré des roquettes sur les « terroristes » dans le nord-ouest de la province de Hama, en réaction à des « attaques », a indiqué de son côté l’agence officielle syrienne SANA.

Dans ce secteur, les combats ont fait rage toute la nuit, jusqu’à ce que les forces du régime prennent mardi le contrôle d’une colline, selon l’OSDH. Au moins 29 jihadistes ont été tués, dont des membres de HTS et du Parti islamique du Turkestan, de même que 24 combattants prorégime, d’après un bilan fourni par l’OSDH.

Dominé par HTS, Idlib est le dernier grand bastion jihadiste à échapper au pouvoir de Bachar Al-Assad, après plus de huit ans d’un conflit dévastateur. L’écrasante majorité des quelque trois millions d’habitants vit grâce à l’aide humanitaire. La moitié sont des déplacés, arrivés à Idlib après avoir fui d’autres bastions rebelles reconquis par le régime.

Syrie : pourquoi Erdogan et Poutine se disputent la région d'Idlib
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