La tête de liste du Rassemblement national pour les élections européennes, Jordan Bardella, le 1er mai, à Metz. / CYRIL BITTON POUR LE MONDE

L’affaire des assistants parlementaires, qui vaut des ennuis judiciaires au Rassemblement national (RN, ex-Front national) et à plusieurs de ses cadres historiques, dont Marine Le Pen, va-t-elle également toucher Jordan Bardella ? Dans son édition du mercredi 8 mai, Le Canard enchaîné affirme que la tête de liste RN pour les élections européennes est en effet soupçonnée « dans un rapport de 2016 de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) d’avoir effectué “un usage irrégulier de l’indemnité d’assistant parlementaire” ».

Cette information vient confirmer celle de Challenges qui, à la mi-avril, affirmait que « du 16 février au 30 juin 2015 », M. Bardella « a été l’assistant parlementaire de l’eurodéputé RN Jean-François Jalkh à mi-temps pour un coût total de 10 444 euros ». Et cela alors que la tête de liste RN pour le scrutin européen occupait à la même époque un poste de secrétaire départemental du parti en Seine-Saint-Denis et était chargé de mission au pôle veille et prospective du FN. D’après Challenges, « son nom apparaît sur un listing daté du 25 avril 2017 où l’institution recense les assistants des eurodéputés du Front national pour lesquels elle soupçonne “un usage irrégulier de l’indemnité” ».

« Je ne suis mis en cause nulle part par la justice française »

Dans son article, Challenges dévoile également l’audition du député européen Aymeric Chauprade, qui a quitté le FN en novembre 2015, interrogé dans l’affaire des assistants parlementaires. A la question « Concernant Jean-François Jalkh, M. Jordan Bardella a-t-il réellement exercé des fonctions d’assistant parlementaire ? », l’élu répond :

« Pour moi, non. Il s’agit d’une personne s’occupant de la communication de M. Philippot [ancien vice-président du FN]. Il n’est pas dans l’environnement de M. Jalkh et n’est pas sur des activités parlementaires mais plutôt dans les réseaux sociaux. »

« A un mois des élections, on essaie de salir ma candidature », a quant à lui réagi, fin avril, Jordan Bardella. Dans l’émission « Dimanche en politique », sur France 3, Jordan Bardella a confirmé avoir été assistant parlementaire « durant [sa] deuxième année de fac », pendant « quatre mois » et « à mi-temps », pour un salaire de « 1 200 euros par mois ». « Je ne suis mis en cause nulle part par la justice française, et d’ailleurs le Parlement européen n’a même pas réclamé au député qui m’a embauché cette somme », a argumenté le candidat de 23 ans, accusant « certains journalistes » d’être « prêts à tout pour sauver le soldat Macron ».

Dans cette affaire des assistants parlementaires, sur laquelle enquêtent les juges financiers Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke, le RN est soupçonné d’avoir mis en place un « système » permettant de salarier fictivement des assistants parlementaires européens grâce aux fonds de Bruxelles, tandis que les intéressés travaillaient en réalité pour le parti d’extrême droite en France. Dans ce dossier, quatorze personnes sont mises en examen, dont la présidente du RN, Marine Le Pen.