Le président sud-soudanais, Salva Kiir, à Juba, le 24 janvier 2019. / REUTERS

Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, juge trop court le délai supplémentaire de six mois accordé aux belligérants pour former un gouvernement d’union nationale censé mettre un terme à près de six ans de guerre civile.

Vendredi 3 mai, à neuf jours de la date initialement prévue pour la formation de ce gouvernement, les différentes parties au conflit avaient acté à Addis-Abeba, sous l’égide de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, qui réunit sept pays d’Afrique de l’Est), leur incapacité à tenir l’échéance. Dans l’accord de paix signé en septembre 2018, il est en outre prévu que Riek Machar, le principal rival de M. Kiir, redevienne vice-président et qu’une armée unifiée soit formée. Or le cantonnement des soldats n’a pas commencé.

Mais M. Kiir, qui n’assistait à la réunion dans la capitale éthiopienne, a estimé mercredi dans un discours qu’« il valait mieux une année », en raison de la saison des pluies qui, de mai à novembre, rend difficiles les déplacements à travers le pays. « Il y aura les pluies et vous ne pouvez déplacer un véhicule nulle part, a justifié le chef de l’Etat. Mais si c’est un an, alors les six derniers mois nous mèneront à la nouvelle année et toutes ces choses pourront être accomplies pendant cette période, et ensuite nous pourrons former le gouvernement en avril ou en mai. »

M. Kiir a également accusé le chef rebelle Riek Machar de recruter de nouveaux combattants et averti : « Si ce n’est qu’une question de recrutement, cela ne me coûte pas grand-chose de recruter moi aussi. » Une menace qui prouve une nouvelle fois la défiance qui perdure entre les deux hommes. Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, lorsque le président Kiir a accusé M. Machar, son ancien vice-président, de fomenter un coup d’État. Le conflit, marqué par des atrocités à caractère ethnique et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380 000 morts, selon une étude récente, et poussé plus de 4 millions de Sud-Soudanais, soit près d’un tiers de la population, à quitter leurs foyers.