Le chef de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido, a dénoncé, jeudi 9 mai, un « démantèlement » du Parlement par le camp de Nicolas Maduro, après l’arrestation de son bras droit, l’un des dix députés inculpés pour avoir soutenu le soulèvement militaire manqué du 30 avril. « Si nous pouvons parler de coup d’Etat au Venezuela, il est là : le démantèlement du Parlement », a déclaré M. Guaido lors d’une conférence de presse, accusant le chef de l’Etat d’exercer un « terrorisme d’Etat ».

Ces dernières heures, Nicolas Maduro, apparu un temps fragilisé par la tentative de rébellion, semble avoir repris l’initiative.

Arrestations musclées

Dans la nuit de mercredi à jeudi, le vice-président de l’Assemblée nationale Edgar Zambrano a été arrêté par les services de renseignement au cours d’une opération digne d’un film d’action.

Entouré de gyrophares et de policiers vêtus de noir et encagoulés, il a refusé pendant de longues minutes de descendre de son véhicule. Résultat : un camion-grue a fini par le remorquer vers le siège des services de renseignement. Il a commenté en direct son interpellation sur Twitter.

« Devant notre refus de sortir de la voiture, ils ont utilisé un camion-grue pour nous emmener de force à l’Helicoïde [siège des renseignements]. Nous, les démocrates, continuons la lutte », a-t-il écrit.

M. Zambrano fait partie des dix parlementaires vénézuéliens inculpés par la justice vénézuélienne pour leur soutien au soulèvement manqué du 30 avril mené par le chef de file de l’opposition Juan Guaido. L’Assemblée constituante, composée uniquement de partisans du président, M. Maduro, a ensuite levé leur immunité.

« Ma vie est en danger »

Après l’arrestation de M. Zambrano, Richard Blanco, un autre de ces députés, a annoncé jeudi matin avoir trouvé refuge dans la résidence de l’ambassadeur d’Argentine à Caracas. « Je suis venu passer la nuit ici car ma vie était en danger », a assuré M. Blanco à la chaîne VPI, affirmant qu’il comptait rester là « de façon provisoire » et qu’il n’allait pas demander l’asile en Argentine. Une autre élue inculpée, Mariela Magallanes, s’est réfugiée mercredi dans la résidence de l’ambassadeur d’Italie à Caracas, a annoncé Rome.

Dans la foulée du soulèvement raté du 30 avril, Leopoldo Lopez, une des figures de l’opposition, qui était assigné à résidence depuis 2017 et était apparu aux côtés de M. Guaido et des soldats insurgés, s’est réfugié dans l’ambassade d’Espagne.

Autoproclamé président, Juan Guaido est reconnu par une cinquantaine de pays, dont les Etats-Unis, qui ont condamné l’« arrestation arbitraire » de M. Zambrano, et mis en garde contre des « conséquences » s’il n’était pas libéré immédiatement.

De son côté, l’UE a appelé à la « libération immédiate » d’Edgar Zambrano, cette arrestation étant  « une autre violation flagrante de la Constitution du pays », a dénoncé la porte-parole pour les affaires étrangères de l’Union européenne, Maja Kocijancic, dans un communiqué.

La Constituante pro-Maduro

L’Assemblée constituante avait déjà levé en avril l’immunité de Juan Guaido, considérant qu’il « usurpe » la fonction présidentielle. L’opposant et ses partisans ont, eux aussi, recours au terme d’« usurpateur » pour qualifier Nicolas Maduro, dont ils estiment qu’il doit son maintien au pouvoir à l’élection présidentielle « frauduleuse » de l’an dernier. Créée en 2017, la Constituante remplace, dans les faits, l’Assemblée nationale, dont les décisions ne sont plus prises en compte par l’exécutif.

Au Venezuela, la crise politique se double de la pire crise économique de l’histoire récente de ce pays aux plus grandes réserves de pétrole au monde. L’inflation devrait atteindre 10 000 000 % cette année, selon le Fonds monétaire international, et les pénuries se multiplient, tout comme les pannes de courant.

Venezuela : pourquoi Trump veut tant le départ de Maduro
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