Les maîtres Cédric de Pierrepont (à gauche) et Alain Bertoncello faisaient partie du commando Hubert, unité d’élite de la marine française. / AP

« La France a perdu deux de ses fils, nous perdons deux de nos frères. » C’est avec émotion que le général Lecointre, chef d’Etat-major français, a détaillé, aux côtés de Florence Parly, la ministre des armées, les conditions de la libération de Laurent Lassimouillas et Patrick Picque, les deux Français enlevés au Bénin, et de la mort des deux militaires des forces spéciales françaises.

Les maîtres Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello qui ont été tués dans l’opération menée dans la nuit du 9 au 10 mai dans le nord du Burkina pour libérer les otages faisaient partie du commando Hubert, unité d’élite de la marine française, basée à Saint-Mandrier-sur-Mer dans le Var. Tous deux étaient déployés au Sahel depuis le 30 mars.

Le commando Hubert est l’une des sept unités de commando de la marine nationale. Il dispose de « groupes spécialisés dans le contre-terrorisme, la libération d’otages et l’action sous-marine avec les nageurs de combat », écrit le ministère de la défense.

  • Né en 1986, Cédric de Pierrepont était entré dans la marine nationale en 2004. Il occupait les fonctions de chef de groupe commando depuis le 1er avril 2018. Il était entré dans la marine nationale en 2004, au sein des équipages de la flotte, et était devenu fusilier marin en 2005, intégrant ensuite les commandos marine. En août 2012, il réussit le cours de nageur de combat puis rallie le commando Hubert, basé à Saint-Mandrier-sur-Mer dans le Var. En quinze ans de service, « il a plusieurs fois été engagé sur des théâtres d’opérations en Méditerranée, au Levant et au Sahel », écrit la marine nationale. Il était titulaire de quatre citations (à l’ordre du régiment, de la brigade et de la division) avec attribution de la croix de la valeur militaire et d’une citation à l’ordre de la brigade avec attribution de la médaille d’or de la défense nationale. Il était, en outre, décoré entre autres de la médaille d’or de la défense nationale « nageur de combat – missions d’opérations extérieures » et de la médaille d’outre-mer avec agrafes Sahel et Liban.
  • Alain Bertoncello était né en 1991. Il était entré dans la marine nationale en 2011 et était membre des commandos marine depuis 2012. Il avait lui aussi obtenu le brevet de nageur de combat et rejoint le commando Hubert en juillet 2017. Il a « participé à des missions de défense des intérêts maritimes français aux Seychelles [protection des thoniers] et à plusieurs opérations extérieures au Qatar, au Levant et au Sahel ». Il était titulaire d’une citation à l’ordre du régiment avec attribution de la médaille d’or de la défense nationale et était décoré de la médaille d’outre-mer pour le Moyen-Orient, ainsi que de la médaille d’argent de la défense nationale.
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Cérémonie d’hommage national

Lors d’une conférence de presse, la ministre des armées, Florence Parly, a décrit « une opération d’une rare difficulté que peu d’armées au monde sont capables de mener » et a rendu hommage à « l’héroïsme des forces spéciales » françaises.

Selon le récit du chef d’Etat-major français, le général François Lecointre, « les commandos des forces spéciales se sont infiltrés dans la nuit noire sur une distance de 200 mètres, malgré la présence d’une sentinelle », avant d’être finalement repérés à dix mètres des abris des ravisseurs. « La France a perdu deux de ses fils, nous perdons deux de nos frères », a commenté avec émotion le général Lecointre, gorge nouée.

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Durée : 03:19

Le président Macron « s’incline avec émotion et gravité devant le sacrifice de nos deux militaires, qui ont donné leur vie pour sauver celles de nos concitoyens », a écrit le palais de l’Elysée dans un communiqué. Il présidera « en début de semaine prochaine » une cérémonie d’hommage national aux deux commandos marine.

La classe politique salue la mémoire des deux militaires

« Morts pour la France cette nuit au Burkina Faso, les commandos marine Cédric de Pierrepont et Alain Bertoncello ont sacrifié leur vie pour sauver celle de quatre otages, désormais libres. Je pense à leurs familles, à leurs frères d’armes. Toute la nation s’incline devant leur courage », a également réagi la ministre française des armées, Florence Parly.

Le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (LRM), a présenté, au nom de l’Assemblée nationale, « ses sincères condoléances » « aux familles et aux proches des soldats morts pour la France, mais aussi à nos forces armées endeuillées ».

« Ils s’étaient formés pour servir jusqu’au milieu du plus grand danger ; par leurs vies données, [ils] n’ont pas seulement sauvé des otages, ils ont montré ce qui fonde un pays, ce lien qui nous engage jusqu’au don de soi », a, pour sa part, fait valoir la tête de liste LR pour les européennes, François-Xavier Bellamy.

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a également rendu hommage à « nos deux marins qui se sont sacrifiés pour sauver la vie de quatre de nos compatriotes au Burkina Faso », en les qualifiant de « héros », un terme également utilisé par la tête de liste du parti d’extrême droite aux européennes, Jordan Bardella.

François Bayrou, président du MoDem, a, pour sa part, exprimé « une pensée fervente pour les deux militaires », en écrivant que « donner sa vie pour d’autres et pour son pays, consentir au sacrifice, ce n’est pas un vain mot ».

Le Parti socialiste a salué « le courage des forces spéciales françaises » et « s’incline devant la mémoire et le sacrifice des deux officiers commandos morts dans l’accomplissement de leur devoir ». Le président de Debout la France et tête de liste aux européennes, Nicolas Dupont-Aignan, a lui aussi évoqué un « sacrifice ». « La nation remercie ces hommes et femmes engagés quotidiennement en France et à l’étranger pour préserver notre sécurité », a-t-il encore écrit.