Alfredo Perez Rubalcaba lors d’une conférence de presse au siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), à Madrid, le 6 février 2012. / Andrea Comas / REUTERS

L’ancien ministre et dirigeant socialiste espagnol Alfredo Perez Rubalcaba, qui s’est illustré dans la lutte contre l’organisation séparatiste basque ETA, est décédé, vendredi 10 mai, à 67 ans des suites d’une attaque cérébrale, ont annoncé son parti et sa famille.

Le gouvernement socialiste de Pedro Sanchez a décrété un deuil national jusqu’à samedi minuit. Et tous les partis – à l’exception de la formation d’extrême droite Vox – ont suspendu vendredi la campagne qui débutait pour les élections régionales, municipales et européennes du 26 mai.

« Notre camarade Alfredo Perez Rubalcaba vient de nous quitter », avait annoncé sur son compte Twitter le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). Pedro Sanchez, qui lui avait succédé à la tête du PSOE en 2014, a salué sur Twitter un « homme d’Etat » et « une vie entière dédiée au service de son pays ». « La fin de l’ETA et de grandes avancées sociales portent sa signature », a ajouté M. Sanchez.

Après l’annonce du décès, M. Sanchez s’est rendu immédiatement à l’hôpital des environs de Madrid où M. Rubalcaba est mort, deux jours après avoir été hospitalisé dans un état grave, puis s’est rendu en début de soirée au Congrès des députés où une chapelle ardente était installée. M. Rubalcaba avait siégé pendant vingt et un ans (1993-2014) à la Chambre, où il avait démontré son talent d’orateur, multipliant les réparties ironiques ou cinglantes. Le palais royal a souligné son « sens aigu de l’Etat ».

« Rival admirable »

L’ancien chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a publié un vibrant hommage à « un rival admirable », qu’il a décrit comme « une des personnalités les plus importantes de l’histoire récente de l’Espagne » et un élu « brillant et aiguisé comme un bistouri, mais sincère à l’heure de négocier ».

Entré au PSOE en 1974, à la fin de la dictature franquiste, M. Rubalcaba avait été ministre sous Felipe Gonzalez (1982-1996), dont il fut porte-parole du gouvernement et ministre de l’éducation, puis sous José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011).

Numéro deux du gouvernement Zapatero de 2010 à 2011, il s’est surtout illustré comme ministre de l’intérieur pendant plus de cinq ans (2006-2011). A ce poste, ce fin stratège s’est notamment imposé dans la lutte contre l’ETA, avec qui des conversations secrètes avaient été menées dès 2006. Peu après son départ du ministère, l’organisation séparatiste clandestine avait annoncé l’abandon de la lutte armée en octobre 2011. « Ce que j’ai fait de plus important, c’est la fin de l’ETA », avait-il assuré lui-même, en 2017, au journal El Mundo.

Fin 2011, en pleine crise économique, il avait été candidat des socialistes aux législatives mais avait subi une lourde défaite face à M. Rajoy. Puis il avait abandonné la tête du PSOE et la politique après sa déroute aux élections européennes de 2014. Docteur en chimie, il avait retrouvé son poste de professeur à l’université où il exerçait encore le jour de son attaque cérébrale, selon la presse.