Les centaines de millions d’euros versés pour aider à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, dévastée lors d’un incendie, le 15 avril, ont immédiatement suscité la polémique – un sport bien français –, avant même que les cendres de sa charpente ne soient éteintes.

Certains s’offusquaient de la célérité avec laquelle les plus fortunés avaient ouvert leur portefeuille, soupçonnant une opération de communication. D’autres regrettaient le fait que cette manne ne bénéficierait sans doute pas aux milliers de monuments menaçant ruine à travers la France. D’autres encore étaient scandalisés par les montants débloqués pour des vieilles pierres alors qu’un nombre croissant de Français ont du mal à se nourrir à leur faim ou à se loger. L’argent consacré à la reconstruction de la cathédrale allait-il manquer à d’autres causes ?

Une génération de « philentrepreneurs »

Les observateurs du secteur ne le pensent pas. La générosité qui s’est manifestée après ce drame national est plutôt une bonne nouvelle montrant l’implication des Français lorsqu’il s’agit d’aider les autres. Méthode Coué ? L’année 2018 a été contrariée en matière de générosité avec des dons en baisse, pénalisés par un contexte fiscal mouvant. Rien ne dit aujourd’hui si ce qui s’est passé depuis le 15 avril marque un tournant dans le domaine de la philanthropie.

Cependant, l’étude de l’Observatoire de la philanthropie de la Fondation de France (institution qui fête cette année ses 50 ans), que nous publions en avant-première, nous révèle un dynamisme du secteur. Si on s’intéresse à l’activité des seules fondations, elles rassemblaient 26,5 milliards d’euros d’actifs en 2017 (derniers chiffres disponibles), soit une progression de 21 % par rapport à 2013, année de la précédente étude.

Et ces fondations réalisent désormais 10 milliards d’euros de dépenses annuelles, soit un bond de 36 % par rapport à 2013. La philanthropie s’accroît en France, notamment grâce à une nouvelle génération de « philentrepreneurs » s’impliquant plus fortement dans les actions qu’ils soutiennent. Les banques privées créent elles-mêmes des services de conseil pour développer les activités de philanthropie de leurs clients.