Le prince Charles, premier dans l’ordre de succession de la couronne britannique, le 9 mai, à Munich. / MICHAEL DALDER / AFP

Une commission d’enquête britannique indépendante sur les agressions sexuelles contre les mineurs (ou IICSA, pour Independent Inquiry into Child Sexual Abuse) a accusé dans un rapport, publié jeudi 9 mai, l’Eglise anglicane d’Angleterre d’avoir fait passer sa « réputation » avant les victimes du clergé. La commission critique également le prince Charles, héritier du trône, pour son soutien « malavisé » à Peter Ball, un ancien évêque britannique condamné en 2015 à trente-deux mois de prison pour des agressions sexuelles.

Lors du procès de ce dernier, il avait été révélé que des ministres, des députés, des directeurs d’école et un membre de la famille royale étaient directement intervenus pour éviter à ce proche du prince de Galles d’être inculpé dès 1993. Le rapport dénonce aussi les agissements du diocèse de Chichester, où exerçait Peter Ball.

Futur chef de l’Eglise d’Angleterre

« Pendant des années, le diocèse de Chichester a laissé tomber les victimes et les survivants d’agressions sexuelles pédophiles en accordant la priorité à sa propre réputation plutôt qu’à leur bien-être », déclare la présidente de l’IICSA, Alexis Jay. « Peter Ball est un exemple de la façon dont un haut responsable du clergé a été capable d’agresser sexuellement des adolescents et des jeunes hommes vulnérables pendant des décennies », ajoute-t-elle. « Le soutien public qu’il avait reçu reflète la culture de l’Eglise de l’époque, un soutien qui a rarement été accordé à ses victimes. »

Le rapport souligne que le prince Charles a maintenu avec Ball une correspondance pendant plus de deux décennies, bien que l’ancien évêque eût été interpellé et rappelé à l’ordre par la police en 1992. Si Charles avait affirmé ne pas connaître la nature des accusations pesant sur Ball, le rapport affirme qu’il n’a pas non plus essayé de la connaître et note que son comportement, et le fait qu’il deviendra chef de l’Eglise d’Angleterre à son couronnement, étaient susceptibles d’« influencer les actions de l’Eglise ».

Un porte-parole du prince a affirmé de son côté, jeudi, qu’à « aucun moment » Charles « n’a exercé une quelconque influence » sur cette affaire et qu’il regrette « profondément que Peter Ball l’ait trompé pendant tant d’années ».