Clermont fête sa victoire en Challenge européen sur la pelouse du St James Park de Newcastle. / LEE SMITH / Action Images via Reuters

Et s’il fallait cesser d’évoquer la « malédiction » de l’ASM Clermont, selon laquelle les défaites en finale seraient immanentes aux « Jaunards », quels que soient les joueurs et l’époque ? Une deuxième finale remportée consécutivement, vendredi soir dans le Challenge européen contre La Rochelle (36-16), fait naître cet espoir en Auvergne, deux ans après la victoire en Top 14. C’était certes à Newcastle, dans un St James Park congelé ; c’était certes la petite Coupe d’Europe, loin de la grande dominée par les Anglo-Saxons (finale entre Leinster et les Saracens, ce samedi à 18 heures) ; mais c’était une finale, et lorsqu’on est Clermont, toute occasion est bonne de faire fuir un peu plus les fantômes du passé.

Couronnant une campagne parfaite avec des victoires contre des grands noms du rugby anglais (Harlequins et Northampton), ce Challenge européen est le troisième pour les Jaunards (après 1999 et 2007), moins heureux en finale de la Coupe d’Europe, perdue trois fois entre 2013 et 2017. Mais la jeune génération emmenée par Damian Penaud et Arthur Iturria n’est pas comptable des échecs de la précédente, rappelait le talonneur Benjamin Kayser vendredi soir :

« Franck [Azéma, l’entraîneur] a insisté : c’est une nouvelle ère pour le club, avec des jeunes joueurs. (…) J’espère que c’est un tremplin pour de grandes choses. Les gars dans le groupe doivent vivre ce genre de grands matches. C’est bien pour gagner de la maturité. Il y avait une malédiction à Clermont, (…) mais tous ces [jeunes] gars n’ont pas à porter ce fardeau. Pour cette nouvelle génération, la victoire est un jalon. »

« Bon pour la confiance »

Savant mélanges d’anciens un peu cabossés par les finales perdues, comme Parra et Vahaamina, de flèches venues de l’hémisphère sud (Raka, Toeava, Moala) et de jeunes Français, Clermont rêve maintenant de bouclier de Brennus, étant d’ores et déjà qualifié pour les demi-finales du championnat de France.

« C’est bon pour la confiance, ces matchs de haute intensité, soulignait Franck Azéma. On a été patient, on a été capable de résister quand on était sous pression. (…) C’est de bon augure pour la suite du Top 14. »

Pour La Rochelle, qui était privée de l’expérience de son double champion du monde Victor Vito, touché à l’épaule, cette première finale continentale n’aura pas été un fiasco complet. Les Rochelais ont manqué de réalisme mais se sont montrés à la hauteur de l’enjeu.

« On a joué une finale européenne, c’est positif, disait le directeur sportif du club charentais, Jono Gibbs. Maintenant, on vit un moment dur pour tout le groupe. L’expérience, c’est une bonne chose. On peut cibler certaines choses pour la fin de la saison. » Bien placée pour disputer les barrages en Top 14, La Rochelle pourrait retrouver Clermont en phase finale.