La justice suédoise a annoncé, lundi 13 mai, rouvrir les poursuites pour viol contre Julian Assange, arrêté le 11 avril à Londres après plus de six ans passés dans l’ambassade d’Equateur de la capitale britannique. Eva-Marie Persson, procureure adjointe, a ainsi annoncé lors d’une conférence de presse :

« J’ai décidé aujourd’hui de rouvrir l’enquête. M. Assange étant incarcéré en Grande-Bretagne, les conditions sont réunies pour demander sa remise [à la Suède] en vertu d’un mandat d’arrêt européen, ce qui n’était pas le cas avant le 11 avril. »

La justice suédoise espère voir M. Assange comparaître devant un tribunal avant la prescription du crime échéant en 2020.

Une plainte pour agression sexuelle contre l’Australien avait été frappée par la prescription en 2015, puis la Suède avait abandonné les poursuites dans une deuxième affaire en mai 2017, faute de pouvoir faire avancer l’enquête avec Julian Assange. Mais à l’annonce de son arrestation, le 11 avril, l’avocate de la plaignante avait réclamé la réouverture de l’enquête.

Qui aura la priorité : Stockholm ou Washington ?

Si les autorités suédoises demandent à faire venir Julian Assange sur leur territoire, les autorités britanniques devront procéder à un arbitrage juridico-diplomatique. En effet, les Etats-Unis ont d’ores et déjà demandé l’extradition de Julian Assange pour piratage ; une perspective que l’Australien et ses proches tiennent à tout prix à éviter. Qui aura la priorité : Stockholm, qui avait émis dès 2010 un mandat d’arrêt à l’endroit du fondateur de WikiLeaks, ou Washington, très proche allié de Londres ?

Dans la presse, l’avocat suédois de Julian Assange exprimait il y a quelques semaines ses doutes quant à l’éventualité d’un procès en Suède, expliquant que les Etats-Unis auraient sans doute la priorité.

Alors que les proches de WikiLeaks ont toujours décrit les accusations de viol et d’agression sexuelle comme un moyen pour la Suède d’envoyer Julian Assange aux Etats-Unis, le rédacteur en chef de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, a expliqué lundi dans un communiqué que la réouverture de l’enquête allait « offrir [à Julian Assange] la chance de se disculper ».