Cinq Américains se disant victimes d’abus sexuels commis par des prêtres catholiques, vont saisir la justice fédérale pour qu’elle ordonne au Vatican d’ouvrir ses archives, ont annoncé lundi 13 mai leurs avocats. Ils veulent que le Saint-Siège « révèle les identités de milliers d’agresseurs connues uniquement du Vatican », ainsi que « leurs dossiers » et « leurs histoires », écrit le cabinet Jeff Anderson dans un communiqué.

Les cinq plaignants, dont trois n’ont jamais parlé publiquement, expliqueront leur démarche lors d’une conférence de presse mardi à Saint-Paul, dans le Minnesota (nord).

Ils ont décidé de rendre leur action publique après l’annonce par le pape François d’une modification de la loi canonique pour obliger l’ensemble des prêtres et religieux à signaler à l’Eglise tout soupçon d’agression sexuelle, de harcèlement ou de dissimulation.

Des associations de victimes se sont dites déçues par cette mesure qui, selon elles, ne va pas assez loin puisqu’elle n’oblige pas à rapporter ces soupçons aux autorités civiles.

300 « prêtres prédateurs »

De l’Australie au Chili, en passant par l’Europe ou le Japon, l’Eglise catholique traverse une profonde crise de confiance en raison des révélations d’agressions sexuelles, notamment sur mineurs, commis depuis des décennies par des prélats, longtemps couverts par leur hiérarchie.

Aux Etats-Unis, une enquête des services du procureur de Pennsylvanie (nord-est) a révélé en août des sévices sexuels perpétrés par plus de 300 « prêtres prédateurs » sur au moins mille enfants.

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Depuis, des procédures en justice ont été ouvertes dans plusieurs Etats et de nombreux diocèses ont publié des listes de religieux ayant été visés par des accusations crédibles depuis les années 1950. Mais ces listes contiennent surtout des dossiers déjà connus, jugés ou de prêtres décédés et les associations de victimes les soupçonnent d’être incomplètes.