Deux syndicats, Force ouvrière et la CGC, ont finalement signé l’accord proposé par la direction de Carrefour. Un accord de rupture conventionnelle collective portant sur un maximum de 3 000 départs dans les hypermarchés Carrefour va ainsi pouvoir entrer en vigueur grâce à la signature de ces deux organisations pesant plus de 50 % du personnel, Force ouvrière (46 %) et la CGC (7 %), ont annoncé ces syndicats mardi 14 mai. Pour que l’accord soit mis en place en juin, comme le souhaite la direction, il doit désormais recevoir l’aval de la direction régionale du travail (Direccte).

Mais tous les syndicats n’ont pas souhaité donner leur accord à ce texte. Pour sa part, la CGT ne « signera pas un accord qui détruit l’emploi », selon Philippe Allard, délégué de groupe. Et la CFDT, qui fait état de « 80 % de retours négatifs » de sa base dans l’entreprise, ne signera pas non plus, a fait savoir Sylvain Macé, délégué syndical central.

Ce dispositif de rupture conventionnelle collective (RCC) a été mis en place dans la dernière réforme du code du travail. Il permet de réduire ses effectifs par le biais de départs volontaires, sans justification économique. Il nécessite un accord signé par des syndicats représentant au moins 50 % du personnel.

Carrefour se recentre sur l’alimentaire

Avec cet accord, le géant de la grande distribution entend se recentrer sur l’alimentaire, avec une restructuration touchant six secteurs (caisses des stations d’essence, rayons hifi-électroménager et bijouterie, traitement des recettes en magasin, encadrement et services de paie). La direction souhaite ainsi inciter certains salariés à quitter l’entreprise, afin de proposer à d’autres, dont les métiers seront abandonnés, des postes libérés. Car à la différence d’un plan de départs volontaires (PDV), une RCC permet de pourvoir les postes vacants.

Mais le texte prévoit une clause de rendez-vous d’ici à la fin de l’année, ouvrant la possibilité d’un avenant permettant « d’augmenter le nombre maximum de départs visés », dénonce M. Macé. « On ne peut pas donner un chèque en blanc à l’entreprise ». « Il s’agit d’une formule juridique, assure le directeur des ressources humaines de Carrefour, Jérôme Nanty. Je peux vous assurer que nous ne souhaitons pas dépasser le plafond de départs prévu dans l’accord. »

Mais pour la CFDT, l’ouverture des départs volontaires alors que des métiers sont supprimés dans la bijouterie et l’électroménager « met ces salariés dans des situations intenables » et le délai imparti (jusqu’au 31 décembre) est insuffisant pour construire un projet professionnel ou obtenir un reclassement. « On calera le rythme des suppressions de postes sur les départs volontaires, il n’est pas question de supprimer un poste tant qu’une solution n’a pas été trouvée pour le salarié », rétorque de son côté M. Nanty.