Trois attaques, trois ripostes. L’entrepreneur forain Marcel Campion s’était livré à une spectaculaire charge, le 29 avril, en critiquant avec violence lors d’une réunion publique la maire de Paris, Anne Hidalgo, son adjoint, Ian Brossat, également tête de liste PCF aux élections européennes, ainsi que les magistrats de la chambre régionale des comptes. Ces propos, rapportés par Le Monde, valent à présent une série de plaintes pour injure et diffamation au « roi des manèges », qui compte être candidat aux élections municipales parisiennes, en 2020.

Après Anne Hidalgo et Ian Brossat, la Cour des comptes a en effet décidé elle aussi de porter le dossier en justice. Vendredi 10 mai, elle a adressé au procureur de la République de Paris une plainte en diffamation contre Marcel Campion, ont indiqué ses responsables au Monde.

Il est exceptionnel que la Cour des comptes effectue une telle démarche. « Mais il est tout aussi rare que nous soyons attaqués en pareils termes », constate-t-on au Palais-Cambon, siège de la juridiction, à Paris.

« Je dis les choses comme je le pense »

En décembre 2017, la chambre régionale des comptes d’Ile-de-France avait rendu un rapport épinglant des « irrégularités graves » dans l’attribution à Marcel Campion de plusieurs contrats, dont ceux de la grande roue installée place de la Concorde et du marché de Noël des Champs-Elysées. La Mairie de Paris était la première visée par ce rapport. « L’organisation de ces manifestations par la Ville est émaillée de nombreuses faiblesses et irrégularités » et « les revenus que la Ville en tire gagneraient (…) à être optimisés », soulignaient les magistrats.

Mais Marcel Campion était lui aussi mis en cause, et il n’a pas apprécié que son audition par la Cour, en octobre 2017, n’ait pas changé l’appréciation finale des magistrats.

« J’ai donné tous les justificatifs, mais presque rien n’a changé dans leur rapport, s’est plaint l’intéressé, le 29 avril, devant ses partisans réunis dans un café parisien. La cour régionale des comptes, c’est des gangsters, (…) de vieux magistrats pourris, je n’ai pas peur de le dire. »

« Le plus jeune doit avoir 90 ans ! », a-t-il ajouté devant un public conquis, précisant : « On va dire que j’attaque les magistrats, alors que c’est eux qui m’attaquent. »

Premier président de la Cour des comptes, et chargé à ce titre d’assurer la gestion des magistrats des chambres régionales, Didier Migaud a estimé que de tels propos étaient « diffamatoires à l’égard des magistrats de la chambre régionale des comptes Ile-de-France », et « ne pouvaient être laissés sans suite judiciaire ».

Interrogé par Le Parisien au début de la polémique, Marcel Campion a, lui, confirmé ses déclarations, en fustigeant le « politiquement correct » : « Je maintiens mes propos, je ne regrette pas du tout. Moi, j’ai grandi à l’école de la rue. Je dis les choses comme je le pense, je ne me cache pas. »