Après la République tchèque, la Bulgarie et la Slovaquie, Marine Le Pen a fait escale à Tallinn (Estonie), mardi 14 mai. La patronne du Rassemblement national venait y rencontrer Mart Helme, le leader d’EKRE, l’extrême droite estonienne, tout juste nommé ministre de l’intérieur. L’entrevue a eu lieu en présence de représentants de la Ligue italienne, du Parti du peuple danois et des Vrais Finlandais.

Mais l’opération séduction a rapidement tourné court lors de la conférence de presse qui a suivi la rencontre. Interrogée par des journalistes estoniens, Marine Le Pen a dû répondre de ses relations avec Moscou et de son refus de déclarer illégale l’annexion de la Crimée par la Russie.

« Candidate pilotée par Poutine »

La chef de file de l’extrême droite française ne pouvait ignorer qu’elle arrivait en terrain hostile, en débarquant dans ce petit Etat balte, europhile et atlantiste face au voisin russe. Elle affirme être « tombée à la renverse » en découvrant, dans la presse estonienne, les articles la présentant comme « une candidate pilotée par la Russie ».

Sans le nommer, Marine Le Pen évoque son père et « sa minute de silence à la mémoire des victimes du régime soviétique » en 1984, dans l’émission « L’Heure de vérité ».

Son mouvement, martèle-t-elle, « s’est fondé sur l’opposition au communisme ». La lutte contre l’URSS est « dans son ADN ». Sans le nommer, Marine Le Pen évoque son père et « sa minute de silence à la mémoire des victimes du régime soviétique » en 1984, dans l’émission « L’Heure de vérité ». Elle-même ira se recueillir devant le Mémorial des victimes du communisme, avant de repartir.

Sauf que ce sont ses relations avec l’actuel locataire du Kremlin qui lui ont surtout été reprochées pendant son séjour. Une proximité que les Polonais du PiS et les Démocrates de Suède continuent d’évoquer pour justifier leur refus de s’allier avec son parti, au sein d’un grand rassemblement européen.

D’abord sceptiques, les Vrais Finlandais et les Estoniens d’EKRE ont fini par céder. « Chaque pays est libre de sa diplomatie », assure-t-elle, car « les nations ont chacune leur histoire, leur culture, leurs craintes et leurs soupçons à l’égard des autres ». Et de conclure : « Nous ne cherchons pas des clones mais des alliés. »

Une visite qui s’est terminée sur une polémique, puisque Marine Le Pen a dû s’expliquer sur un selfie pris avec un militant d’EKRE, où tous les deux font un signe connu des suprémacistes blancs. Un geste dont elle a affirmé qu’elle ignorait la signification.