L’anesthésiste Frédéric Péchier, à Besançon, le 29 mars 2017. / SÉBASTIEN BOZON / AFP

Mis en examen depuis 2017 pour sept empoisonnements, Frédéric Péchier, anesthésiste à Besançon, est-il impliqué dans plusieurs dizaines d’autres incidents médicaux suspects ? C’est ce que tentent de découvrir les enquêteurs qui ont prolongé mercredi 15 mai sa garde à vue de vingt-quatre heures, a annoncé le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.

L’interrogatoire du docteur Péchier, qui s’achèvera au plus tard jeudi à 9 heures selon M. Manteaux, s’inscrit dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte à l’époque en parallèle de sa mise en examen, en mars 2017.

Elle porte sur une cinquantaine de signalements d’« événements indésirables graves » survenus dans des cliniques où l’anesthésiste exerçait, selon une source proche du dossier. Certains de ces incidents pourraient dissimuler des « faits d’empoisonnement potentiels », a précisé cette source. A l’issue de cette garde à vue, si les charges se confirment, le parquet pourrait délivrer un réquisitoire supplétif pour joindre cette enquête préliminaire à la première affaire.

Des doses de potassium et d’anesthésiques administrées volontairement

Pour Me Randall Schwerdorffer, l’un des avocats du médecin de 47 ans, on est toutefois « très en dessous d’une cinquantaine de cas » suspects. Son client, a-t-il déclaré mardi soir à l’Agence France-Presse (AFP), « collabore à la procédure d’enquête préliminaire » et « est toujours sur la même ligne de défense qui consiste à dire qu’il n’a jamais été impliqué de près ou de loin dans un empoisonnement ».

Mis en examen en 2017 pour sept empoisonnements, ce praticien réputé avait été laissé en liberté en dépit des charges qui pesaient sur lui. Clamant son innocence, il avait toutefois été placé sous contrôle judiciaire, avec une interdiction d’exercer.

Les sept cas sont ceux de patients âgés de 37 à 53 ans qui avaient subi, entre 2008 et 2017, des interventions chirurgicales ne présentant pas de difficultés particulières. Ils avaient pourtant fait des arrêts cardiaques, deux étant morts et les cinq autres ayant pu être ranimés.

L’enquête a établi que des doses potentiellement létales de potassium et d’anesthésiques avaient été administrées volontairement, provoquant les arrêts cardiaques. Les soupçons des enquêteurs se sont portés sur M. Péchier qui exerçait dans les deux établissements où les incidents se sont produits. Les enquêteurs soupçonnent l’anesthésiste d’avoir sciemment modifié les poches d’injection de confrères afin de provoquer des incidents opératoires pour exercer ensuite ses talents de réanimateur.