Le groupe français d’homéopathie Boiron a suspendu, jeudi 16 mai, son cours de Bourse, dénonçant une « violation du secret » de l’avis préliminaire de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l’évaluation du bénéfice médical des médicaments homéopathiques.

Un média aurait été « informé de la teneur de cet avis confidentiel », ont affirmé les fabricants de produits homéopathiques Boiron, Lehning et Weleda dans un communiqué commun, alors qu’eux-mêmes disent n’avoir toujours pas reçu ce document. Cela constitue une « violation du secret de la procédure d’évaluation en cours remettant potentiellement en cause sa régularité », ont-ils ajouté.

Pour sa part, la HAS a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) avoir « envoyé par voie électronique » jeudi l’avis préliminaire aux trois laboratoires, sans en divulguer le contenu.

« Manque d’efficacité prouvée »

Franceinfo affirme jeudi soir sur son site que la Haute Autorité recommande dans son projet d’avis de ne plus rembourser les granules homéopathiques, estimant qu’elles offrent « un service médical rendu insuffisant ». Mercredi, le journal Libération avait déjà révélé qu’un projet d’avis avait été adopté par la HAS et qu’il devrait prôner le déremboursement pour l’ensemble des produits homéopathiques, s’appuyant sur un « manque d’efficacité prouvée ».

Le même jour, la HAS avait confirmé à l’AFP qu’un avis préliminaire était sur le point d’être adopté, mais sans en révéler la teneur en raison d’obligations juridiques de confidentialité. Selon la procédure, l’avis est transmis aux trois laboratoires concernés pour qu’ils puissent faire valoir leurs arguments durant une « phase contradictoire ».

Ce n’est qu’à l’issue de cette phase contradictoire que sera rendu l’avis définitif de la HAS, sur lequel le gouvernement s’appuiera pour décider ou non de dérembourser l’homéopathie.

Intérêt pour la santé publique

En août, le ministère de la santé avait saisi la Haute Autorité de santé (HAS) pour connaître son avis « quant au bien-fondé (…) du remboursement des médicaments homéopathiques ». La HAS avait récemment fait savoir que celui-ci porterait sur « 1 200 médicaments homéopathiques ». Les critères d’évaluation seraient notamment « l’efficacité » des médicaments homéopathiques et « leur intérêt pour la santé publique ».

« Je me suis engagée à suivre les recommandations de la HAS », avait rappelé, en mars, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, lors d’un entretien avec l’AFP. « Je ne cherche ni à dérembourser ni à rembourser. Soit un médicament est utile et permet d’avoir un bénéfice clinique, soit il n’apporte rien et dans ce cas-là il n’a pas de raison d’être financé par la collectivité. »

Reste que l’homéopathie est une technique appréciée des Français : 72 % « croient en ses bienfaits », selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier. Par ailleurs, Boiron affirme que le déremboursement de l’homéopathie menacerait mille trois cents emplois sur les deux mille cinq cents de sa société en France.

L’homéopathie consiste à administrer des substances en quantité infinitésimale, dans l’espoir de guérir. Certains médicaments sont remboursés à hauteur de 30 % par l’Assurance-maladie, bien que leur efficacité n’ait pas été évaluée scientifiquement.