Depuis un an, les séismes se multiplient dans l’archipel de Mayotte, dont les îles constituent dans l’océan Indien un département français. Jeudi 16 mai, plusieurs ministères ont annoncé dans un communiqué conjoint qu’une mission scientifique avait trouvé le responsable : il s’agit d’un tout jeune volcan sous-marin.

Le territoire subissait de manière inexpliquée un phénomène de séismes « en essaim », pâtissant de plus de 1 800 secousses de magnitude supérieure ou égale à 3,5, selon le bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). La plus forte jamais recensée à Mayotte a été enregistrée à 5,8.

Phénomène géologique exceptionnel

Le volcan dont la naissance est à l’origine de cette activité sismique se trouve à 50 km à l’est de l’archipel, par 3 500 m de fond. Sa taille « est évaluée à 800 m de hauteur avec une base de 4 à 5 km de diamètre. Le panache de fluides volcaniques de 2 km de hauteur n’atteint pas la surface de l’eau », a précisé le communiqué des ministères des outre-mer, de la transition écologique, de l’intérieur et de la recherche, qui évoque un « phénomène géologique exceptionnel ».

Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue jeudi au chef-lieu de Mayotte, Mamoudzou, la physicienne Nathalie Feuillet, de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGB), revenue la veille sur la terre ferme après une mission en mer qui a mobilisé une vingtaine de scientifiques, a indiqué que ce volcan était récent. « On pense que le volcan a grandi depuis que l’essaim de séismes a débuté », a avancé Nathalie Feuillet, mais il faudra attendre de nouveaux relevés pour savoir si cette croissance continue.

« L’avantage maintenant, c’est qu’on sait ce que c’est », s’est réjoui la physicienne, qui a ajouté que des prélèvements de roches volcaniques avaient été faits. D’autre part, la chercheuse a affirmé que Mayotte s’était affaissée de 13 cm et qu’elle s’était déplacée vers l’est d’environ 10 cm. Cet affaissement, qui se fait « à des taux assez rapides », se poursuit, a-t-elle précisé. Il pourrait être dû à « la vidange d’un réservoir d’une poche de magma profonde ». Ces annonces interviennent après une mission scientifique menée par le Comité national de la recherche scientifique (CNRS), avec notamment le BRGM et l’IPGP, et une campagne océanographique réalisée par le navire Marion-Dufresne, rentré à quai mercredi.

« Rassurer la population »

L’IPGP, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer), l’université de la Réunion, l’Institut de physique du globe de Strasbourg (IPGS), l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN), l’Ecole normale supérieure (ENS), le Centre national d’études spatiales (CNES) et le Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) ont également participé à la mission.

« Les scientifiques sont mobilisés pour traiter, analyser et interpréter la multitude de données acquises durant ces derniers mois. Cette exploitation nécessitera des travaux approfondis pour évaluer les risques induits pour Mayotte en matière de risque sismique, risque volcanique et de tsunami », ont ajouté les ministères. Le préfet de Mayotte, Dominique Sorain, a pour sa part annoncé que trois spécialistes de la sécurité civile arriveront sur l’île dès vendredi.

Face à un phénomène « nouveau sur la zone océan Indien », « l’objectif du gouvernement, c’est de continuer les recherches », a-t-il précisé. « Ça va nécessiter de travailler sur ces données, ça va prendre un peu de temps », a ajouté le préfet, qui souhaite « une meilleure connaissance du phénomène (…) pour adapter les réponses en termes de sécurité » et « informer et rassurer la population ».

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