FRANCE 2 - SAMEDI 18 - 0 H 55. DOCUMENTAIRE

« Je viens d’une famille musulmane. Je suis gay, je suis arabe. Et je vais à l’Eurovision en Israël. » Ainsi se résume avec aplomb Bilal Hassani, 19 ans, candidat de la France à la finale organisée samedi 18 mai à Tel-Aviv, dans le documentaire présenté par France Télévisions. Un parcours qui colle au slogan choisi par Israël pour cette 64e édition : « Oser rêver ». Mais n’est pas du goût de tous dans l’Hexagone, où l’artiste subit une incroyable campagne de haine et de violence homophobe sur les réseaux sociaux. Jusqu’à 1 500 Tweet par jour, parmi lesquels « Pourquoi t’étais pas au Bataclan un certain 13 novembre, bâtard ».

Certains, minoritaires, acceptent en effet très mal d’être représentés par un LGBT+ maquillé et coiffé d’une longue perruque blonde – quand elle n’est pas bleue, rose ou verte. D’autres, en revanche, jeunes souvent, l’ont découvert sur sa chaîne YouTube (où il compte 725 000 abonnés) et nourrissent sa popularité croissante. Pour eux, Bilal Hassani incarne la tolérance et la joie de vivre, il est un role model, un « modèle exemplaire », preuve vivante que tout est possible.

ÇA DEVIENT GRAVE !
Durée : 07:38

Comment ? Là réside tout l’intérêt de Bilal Hassani, le rêve d’une vie, qui fait partager le quotidien du chanteur, auteur et compositeur depuis sa sélection le 26 janvier, jusqu’à l’ultime prestation, regardée par 200 millions de téléspectateurs.

Potentiel personnage « clivant »

Suivant un décompte aléatoire, les séquences s’arrêtent sur les journées marquantes, comme le premier voyage à Tel-Aviv, à « J − 81 » ; la rencontre avec de jeunes homosexuels à « J − 79 » ; une soirée off à « J − 19 » chez Madame-Monsieur, le duo pop qui a terminé 13e de l’Eurovision l’an dernier avec Mercy. « Emilie [Madame] et Jean-Karl [Monsieur] sont des confidents, des repères », confie Bilal Hassani. Ils ont également coécrit Roi, son tube, et sont à l’origine de sa rencontre avec leur producteur, Guillaume Silvestri. En professionnel, ce dernier a détecté de suite le potentiel du personnage « clivant » et les qualités du jeune homme, « posé, fin, lucide », loin de l’outrance de son personnage la scène.

Dès les premières images apparaît ainsi un garçon méconnu : cheveux bruns et courts, frêle, tee-shirt blanc, effacé… on lui donnerait 16 ans avec ses lunettes de bon élève – ce qu’il est, actuellement en licence d’anglais à la Sorbonne, à Paris, même s’il vient d’interrompre son cursus pour cause de répétitions.

Amina Fruhauf, la mère de Bilal Hassani, est l’autre héroïne du film, omniprésente, fière et manageur de son fils, avec lequel elle vit en banlieue parisienne ; son père réside, lui, à Singapour, on n’en saura pas plus. Seule la passion de Bilal pour le chant et la danse est abordée, en parallèle de son parcours pour s’accepter. Depuis le collège, où le gamin vit un enfer, traité de « PD » avant même d’avoir conscience de sa sexualité ; jusqu’à l’école de spectacle, « les plus belles années de ma vie ».

A 5 ans, Bilal Hassani rêvait de devenir un chanteur « intergalactique », de « chanter pour les Marsiens ». Quatorze ans plus tard, il se produit sur une scène située à quarante-cinq minutes de la bande de Gaza, au côté de 25 autres candidats, parmi lesquels les Islandais Hatari, au look BDSM (bondage, discipline, sadomasochiste), ou l’Australiennne Kate Miller-Heidke, qui prête littéralement à s’envoler au son d’Apesanteur. Si tout cela n’est pas extraterrestre…

« Bilal Hassani, le rêve d’une vie », de Camille Barné (Fr., 2019, 95 min). En Replay sur France.tv.

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Durée : 03:47

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