Sélection officielle - Hors compétition

Elton John (à gauche) et son mari David Furnish, sur le tapis rouge à Cannes, le 16 mai. / LOIC VENANCE / AFP

Avant que ne commence la projection de Rocketman, le 16 mai à Cannes, le soir dans le Grand Théâtre Lumière, à l’heure où l’on découvre d’ordinaire l’un des films de la compétition, on pouvait se demander si le petit septuagénaire aux lunettes cerclées de cœurs rouges méritait toute cette agitation. Au pied des marches, son arrivée a déclenché quelques cris aigus, échos du temps où le rock excitait les adolescentes, mais quand on a vu Elton John foulant le tapis rouge au côté de Taron Egerton le jeune acteur britannique (Kingsman) qui l’incarne dans la biographie filmée de Dexter Fletcher, et de son parolier Bernie Taupin, qui – contrairement à son partenaire – s’est résolu à la calvitie, il était difficile de discerner dans sa silhouette la trace d’une ancienne rock star.

Pendant deux heures, la vie d’Elton John se résume à sa libération de ses différentes addictions

En arrivant dans la salle Elton John a embrassé David Geffen, qui, avant de devenir l’associé de Spielberg au sein de Dreamworks, a été un magnat du rock.

Deux heures plus tard, quand les lumières se sont rallumées, la salle a fait à sir Elton Hercules John une vraie ovation. Pas tant à cause du film lui-même que de l’occasion qu’il avait offerte de réécouter ses plus grands succès, de feuilleter le catalogue de ses tenues les plus aberrantes (les costumiers de Rocketman ont procédé avec une rigueur à laquelle les scénaristes n’ont pas sacrifié), avec le frisson supplémentaire que procurait la présence physique de leur compositeur et interprète.

Des hits à la chaîne

En principe, les manifestations pendant les projections sont mal vues à Cannes (on peut à la rigueur rire pendant une comédie). Pourtant, lorsque le jeune Elton, découvrant un matin des lyrics commençant par « It’s a little bit funny », s’est mis à composer et à chanter Your Song dans le salon de sa maman, la salle a applaudi assez longtemps et assez fort pour couvrir les répliques suivantes. Ce n’était pas très grave, Rocketman, réalisé par le cinéaste qui a mené à bon port Bohemian Rhapsody après le renvoi de Bryan Singer, ne se distingue ni par ses mots d’auteur ni par un regard nouveau sur le sort des grandes figures du rock, autant occupées à s’autodétruire qu’à produire des hits à la chaîne.

Elton John, a improvisé un mini concert, à Cannes, le 16 mai,  à l’occasion de la sortie du film « Rocketman », qui lui est consacré. / Arthur Mola / Arthur Mola/Invision/AP

Pendant deux heures, la vie d’Elton John se résume à sa libération de ses différentes addictions et ce n’est pas en le regardant que l’on saura pourquoi et comment il est possible de créer des chansons aussi brillantes que Tiny Dancer ou The Bitch Is Back dans un état de semi-conscience. Il faut croire que cette manière de voir convient au principal intéressé, qui arborait le titre du film en lettres de lamé rouge au dos de son costume. Et le public cannois s’en est aussi accommodé, qui a trépigné de joie lorsque, pendant le générique de fin, il a retrouvé son environnement quotidien dans les décors du clip de I’m Still Standing, tourné par Russell Mulcahy sur la Croisette en 1983.

De toute façon, Rocketman a déjà trouvé sa place dans l’histoire du cinéma. Comme le faisait remarquer le site du Hollywood Reporter juste après la projection, c’est la première fois qu’une major américaine, en l’occurrence Paramount, produit et distribue un film dans lequel on peut voir une scène d’amour physique entre deux hommes.

Rocketman, film britannique de Dexter Fletcher. Avec Taron Egerton, Jamie Bell (2 h 01). Sortie en salle le 29 mai.

Rocketman - La Bande Annonce VF
Durée : 02:36