Les députés autrichiens ont adopté, mercredi 15 mai, un texte de loi proposé par la coalition gouvernementale droite-extrême droite interdisant le port du voile islamique dans les écoles primaires. Pour se prémunir des accusations de discrimination contre les musulmans, le texte fait référence à « tout vêtement d’influence idéologique ou religieuse qui couvrirait la tête ».

Néanmoins, les deux courants de la coalition gouvernementale, les conservateurs (ÖVP) du chancelier Sebastian Kurz et l’extrême droite (FPÖ), ont clairement fait savoir que le foulard islamique était visé. Le porte-parole du FPÖ pour l’éducation, Wendelin Moelzer, a expliqué que la loi était « un signal contre l’Islam politique », tandis que le député ÖVP Rudolf Taschner assurait que le texte était nécessaire pour protéger les filles de l’« asservissement ». Le gouvernement a précisé que la coiffe des hommes sikhs ou la kippa des juifs n’étaient pas concernées.

Le texte ne fait pas l’unanimité, bien au contraire. Presque tous les députés de l’opposition ont voté contre, certains accusant le gouvernement de vouloir faire les gros titres de la presse plutôt que de s’occuper du bien-être des enfants.

Dans un communiqué, l’organisation des musulmans autrichiens IGGÖ dénonce un texte qui « discrimine exclusivement le foulard islamique » et « porte atteinte à plusieurs droits fondamentaux ». Le qualifiant d’incitation à « la ségrégation et à la discrimination à l’égard des filles musulmanes », l’IGGÖ va saisir le Conseil constitutionnel (VfGH).

Un texte qui intéresse l’Allemagne

Dans le sillage de l’Autriche, le gouvernement allemand réfléchit à son tour à l’interdiction du voile pour les enfants à l’école. « Il est absurde que les petites filles portent le voile, la plupart des musulmans sont aussi de cet avis », a expliqué la déléguée gouvernementale à l’intégration des étrangers, Annette Widmann-Mauz, au quotidien Bild à paraître vendredi. « Toutes les mesures qui protègent les filles d’une telle chose – qu’il s’agisse d’en parler avec les parents jusqu’à l’interdiction – devraient être examinées et abordées. »

« L’interdiction générale du port du voile, comme en Autriche, handicape aussi les filles qui se sont décidées à porter volontairement un voile comme signe de leur religion », critique cependant auprès de Bild Marcus Weinberg, un élu conservateur allemand spécialisé sur les questions familiales. Il rappelle « le droit ancré dans la Constitution allemande de pouvoir exercer sa religion librement ».

La communauté musulmane en Allemagne est estimée à environ 5 millions de personnes actuellement, soit 6 % environ de la population totale, dont la plupart sont turcs de nationalité ou d’origine.