L’ancien Farc Seuxis Hernandez, alias Jesus Santrich, à la sortie de la prison de Bogota, vendredi 17 mai. / Fernando Vergara / AP

A peine libéré de la prison La Picota, dans la périphérie de Bogota, l’un des chefs de l’ancien guérillero des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Jesus Santrich, dont les Etats-Unis ont requis l’extradition pour trafic de drogue, a été réarrêté par des agents colombiens vendredi 17 mai.

Dans un communiqué, le Parquet a déclaré avoir « rendu effectif » un ordre de détention dans le cadre de l’enquête pour trafic de drogue dont Santrich fait l’objet aux Etats-Unis.

L’ancien commandant guérillero de 52 ans a été entouré par des agents du Parquet alors qu’il venait à peine de franchir le portail de la prison, assis dans un fauteuil roulant, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse (AFP). Il a ensuite été embarqué dans un hélicoptère de la police, dont la destination reste inconnue.

« Nous appelons les organismes internationaux afin que soit garantie l’application des accords », a réagi sur Twitter Pablo Catatumbo, autre ancien commandant guérillero, aujourd’hui sénateur du parti de gauche Force alternative révolutionnaire commune (FARC).

Duque disposé à autoriser l’extradition de Santrich.

Des soutiens à Jesus Santrich étaient venus le soutenir à sa sortie de prison, à Bogota. / JUAN BARRETO / AFP

La Juridiction spéciale de paix (JEP), issue de l’accord signé en 2016 avec les FARC et chargée de juger les crimes les plus graves du conflit armé, a ordonné mercredi la mise en liberté de Seuxis Hernandez Solarte, plus connu sous le nom de Jesus Santrich, détenu depuis avril 2018. Elle a argué ne pas avoir reçu des autorités américaines la preuve de son implication dans un trafic de cocaïne vers les Etats-Unis après la signature de l’accord avec les anciennes Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), transformées en parti politique sous le même acronyme.

Le lendemain, l’ambassade des Etats-Unis à Bogota a réclamé des autorités colombiennes un « appel en urgence » contre cette décision. « Aucune décision » ne modifie « le fait qu’un grand jury » de New York a accusé Santrich « de conspiration présumée pour envoyer 10 tonnes de cocaïne aux Etats-Unis entre juin 2017 et avril 2018 », a estimé jeudi la représentation diplomatique dans un communiqué.

Après la décision de la JEP, le procureur général de Colombie, Nestor Humberto Martinez, avait démissionné et le président de droite Ivan Duque, élu sur la promesse de modifier l’accord de paix, s’était dit « indigné ». M. Duque a soutenu l’intention de faire appel, se disant disposé à autoriser l’extradition de Santrich.

L’accord de paix historique, signé avec la plus puissante et la plus ancienne guérilla du continent américain, a permis le désarmement d’environ 7 000 rebelles. Il prévoit que les auteurs de crimes graves, guérilleros et membres des forces de l’ordre, puissent bénéficier de peines alternatives à la prison à condition de dire la vérité, de dédommager les victimes et de s’engager à ne plus jamais avoir recours à la violence. Mais il ne protège pas d’une extradition ceux qui ont récidivé après son entrée en vigueur.