Viviane Lambert, la mère de Vincent Lambert, le 15 juillet 2015. / FRANCOIS NASCIMBENI / AFP

La Conférence des évêques de France (CEF) s’est étonnée, samedi 18 mai, de la « précipitation » à conduire « vers la mort » Vincent Lambert. Les soins de ce patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans doivent être interrompus à partir de lundi sur décision médicale et contre l’avis de ses parents.

« Pourquoi cette précipitation pour le conduire vers la mort ? », écrit dans un communiqué le groupe bioéthique de la CEF, déplorant que le gouvernement veuille passer outre l’avis du Comité international des droits des personnes handicapées (CIDPH) qui recommande la suspension de décision d’arrêt des soins – jugée légale par le Conseil d’Etat.

Dans un récent avis, ce comité de l’ONU a demandé que le traitement de Vincent Lambert soit maintenu le temps de pouvoir examiner son dossier.

Fervents catholiques

« Pourquoi ne pas attendre la réponse sur le fond de la part du comité de l’ONU ? », demande la CEF, rappelant que la France est signataire de la Convention relative aux droits des personnes handicapées dont cette instance est l’émanation. « Pourquoi l’Etat français, qui met son honneur dans la promotion des droits de l’homme, se dispenserait-il du respect de cette convention pour M. Vincent Lambert ? », poursuit le communiqué.

Samedi, dans une lettre ouverte, les avocats des parents de Vincent Lambert, Viviane (73 ans) et Pierre (90 ans), deux fervents catholiques, ont eux aussi imploré Emmanuel Macron de faire « respecter les mesures provisoires réclamées » par le CIDPH. Selon eux, sa mort programmée « apparaîtra aux yeux de la postérité comme un crime d’Etat commis au prix d’un coup de force contre l’Etat de droit ».

Une famille déchirée

Cette demande ne devrait pas modifier la position de la France qui met en avant le « droit du patient à ne pas subir d’obstination déraisonnable ». Le 5 mai, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, avait aussi expliqué que la France n’était pas tenue « légalement » par ce comité.

La famille de Vincent Lambert est déchirée : d’un côté, les parents, ainsi qu’un frère et une sœur ; de l’autre, l’épouse de Vincent, Rachel, six frères et sœurs, et son neveu François dénoncent un acharnement thérapeutique.

Depuis 2013 et un premier arrêt des soins, stoppé sur décision judiciaire, les parents ont multiplié les recours devant maintes juridictions. L’un des derniers en date, devant le Conseil d’Etat, s’est conclu en avril par un énième rejet, ouvrant la voie à un nouvel arrêt des soins.