Celui qui se veut le parrain américain des populistes européens est à Paris pour soutenir le RN de Marine le Pen et LRM s’en alarme. Samedi 18 mai, sur Twitter, le directeur de campagne du parti qui a porté Emmanuel Macron au pouvoir, Stéphane Séjourné, a dénoncé la présence en France de Steve Bannon, ancien conseiller du président américain Donald Trump, comme une « atteinte à la souveraineté de l’élection dans la ligne droite de la stratégie des nationalistes ».

« Tranquillement, Steve Bannon pose ses valises à Paris dans sa suite du Bristol à 2 500 euros la nuit pour faire gagner Le Pen ! », s’est ému sur Twitter le directeur de campagne, relayé dans son indignation par le porte-parole de la campagne LRM/MoDEM, Pieyre-Alexandre Anglade, qui a également qualifié d’« extrêmement grave » sur CNews l’arrivée de M. Bannon dans la capitale.

« Tremblement de terre »

Dans un entretien accordé au Parisien, M. Bannon dit avoir choisi de venir en France parce que « de toutes les élections qui auront lieu le week-end prochain en Europe (…) c’est de loin, ici, (…) la plus importante » et ce à cause du « positionnement mondialiste » d’Emmanuel Macron. « C’est un référendum sur lui et sa vision pour l’Europe », a ajouté M. Bannon qui prédit un « tremblement de terre » dimanche 26 mai.

L’ancien conseiller de Donald Trump a également dit une nouvelle fois son envie de voir les partis populistes européens se rassembler. « Matteo Salvini, Marine Le Pen et Nigel Farage [le chef du parti britannique Brexit Party] peuvent être à la tête de trois des quatre plus gros partis présents au Parlement européen », a-t-il affirmé.

Selon lui, « avec Salvini, Le Pen et Orban [le premier ministre hongrois], il y a désormais une alternative structurée. Le Pen a raison : la politique n’est plus structurée entre droite et gauche mais entre ceux qui pensent que l’Etat-nation doit être dépassé et ceux qui pensent que c’est un bijou. Donc la semaine prochaine, les gens auront un vrai choix ». Et d’ajouter : « Vous serez surpris de voir [que les partis populistes européens] peuvent travailler ensemble. » La vision de M. Bannon pour une alliance des populistes en Europe n’est pas nouvelle et le succès n’était pas au rendez-vous au début de sa mise en œuvre.

« Conseiller informel »

La semaine dernière, plusieurs députés et sénateurs de différents bords, y compris LRM, avaient réclamé une commission d’enquête sur les liens entre le RN et Steve Bannon après la diffusion d’un reportage de l’émission « Envoyé spécial » sur France 2 dans lequel on voit les dirigeants RN Louis Aliot et Jérôme Rivière proposer à Steve Bannon d’assister à des réunions entre Marine Le Pen et des hauts fonctionnaires français.

M. Bannon y évoque aussi les besoins financiers du RN. « Ils veulent rembourser cet emprunt aux Russes (pour la présidentielle) et obtenir d’autres financements », dit l’ancien conseiller. Interrogé par Le Parisien, M. Bannon assure n’avoir « jamais donné de capital » au RN. « Je suis un conseiller informel, je ne me fais pas payer. Même avec Trump, j’étais bénévole. Ce que je fais en revanche, c’est faire des observations à certains partis et donner des conseils sur la levée de fonds », ajoute-t-il.

Pourquoi l'extrême droite européenne peine à s'unir
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