Une manifestation, sous le signe de la couleur verte, s’est déroulée samedi 18 mai au Festival de Cannes pour défendre l’avortement, avant la présentation du documentaire Que sea ley (Une loi, vite !) sur l’élan brisé des Argentines en 2018, réclamant le droit à l’IVG. L’équipe du film de Juan Solanas et des militantes des droits des femmes ont gravi les marches du Palais des festivals, un foulard vert à la main, l’emblème de la lutte pour la légalisation de l’avortement qui a embrasé l’Argentine en 2018. Dans la salle de projection de Que sea ley, des foulards verts ont été disposés sur le dossier de chaque fauteuil.

Elles ont également brandi une banderole en espagnol réclamant le droit à l’avortement « sûr et gratuit ». Une de ces manifestantes était entièrement parée de vert, avec une robe sur laquelle était brodé « légalisation - avortement ». Le cinéaste Pedro Almodovar et l’actrice Penelope Cruz ont également apporté leur soutien au mouvement, arborant le fameux foulard vert, quelques heures avant cette mobilisation, selon des photos publiées par Le Planning familial et la Fondation des femmes sur les réseaux sociaux.

Soutien sur les marches

Pour son film Que sea ley, l’Argentin Juan Solanas a parcouru pendant huit mois l’Argentine, pour recueillir des témoignages dans les provinces les plus éloignées de la capitale. Les mobilisations féministes dans les rues de Buenos Aires ont pris une ampleur inédite en 2017 et 2018, culminant avec des rassemblements devant le Parlement, pendant l’examen du projet de loi par les deux chambres. En définitive, il a été adopté par la Chambre des députés, mais rejeté par le Sénat, privant les citoyennes argentines du droit à l’avortement.

Cette initiative militante sur les marches de Cannes survient au moment où, aux Etats-Unis, des Etats conservateurs mènent une violente offensive contre l’avortement. L’Alabama interdit aux femmes d’avorter même en cas de viol, instaurant la loi anti-avortement la plus stricte des Etats-Unis. Le Missouri veut poursuivre les médecins s’ils pratiquent des interventions après la 8e semaine de grossesse, la Géorgie dès que les battements de cœur du fœtus sont détectables

Interrogée vendredi à ce propos, dans le cadre des discussions organisées à Cannes par le programme « Women in Motion » qui promeut l’égalité entre les hommes et les femmes dans le monde du cinéma, l’actrice américaine Eva Longoria a mis en garde contre un possible effet domino. « C’est une menace qui va toucher tout le monde si nous ne faisons pas attention », a souligné l’actrice qui a produit l’an dernier pour Netflix le documentaire Reversing Roe, du nom de l’arrêt « Roe V. Wade » qui garantit le droit des Américaines à avorter tant que le fœtus n’est pas viable.

Où en est l'accès à l'avortement dans le monde ?
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