Le président autrichien Alexander Van der Bellen et le chancelier Sebastian Kurz, le 19 mai, à Vienne. / HANS PUNZ / AFP

Le président autrichien, Alexander Van der Bellen, a souhaité, dimanche 19 mai, que les élections législatives anticipées, convoquées après le scandale frappant le parti d’extrême droite FPÖ, aient lieu au mois de septembre.

« Je plaide pour de nouvelles élections en septembre, si possible au début du mois », a déclaré le chef de l’Etat après une entrevue avec le chancelier Sebastian Kurz. Ce dernier l’avait invité la veille à convoquer un nouveau scrutin, après la démission du vice-chancelier Heinz-Christian Strache, chef de file de l’extrême droite.

En quelques heures, la situation était devenue intenable pour le patron du FPÖ après la publication d’extraits d’une vidéo tournée secrètement dans une villa d’Ibiza en 2017. On y découvre Heinz-Christian Strache et l’un de ses lieutenants discutant, notamment, de l’octroi de contrats publics autrichiens en échange de soutiens financiers, avec une interlocutrice qui dit être la nièce d’un oligarque russe. « Elle aura tous les contrats publics remportés aujourd’hui par Strabag », un groupe autrichien de construction, acteur majeur du secteur, affirme le chef du FPÖ, selon la retranscription de ses propos.

Pendant les six heures que dure la discussion, Heinz-Christian Strache dit aussi être prêt à remodeler la presse autrichienne « comme [Viktor] Orban », le premier ministre hongrois qui a verrouillé le paysage médiatique de son pays. Et il évoque un mécanisme de financement illégal des campagnes électorales qui serait pratiqué par son parti.

Beaucoup d’interrogations demeurent sur l’élaboration du piège qui semble avoir été tendu au responsable autrichien dans une villa truffée de micros et de caméras. Le chef du gouvernement doit encore décider d’un éventuel remaniement avant les élections législatives alors que cinq autres ministres FPÖ demeurent en poste.

Au niveau européen, le scandale frappant le FPÖ est un coup dur pour le camp nationaliste, qui mise sur une poussée aux élections du 26 mai avec l’ambition de devenir la troisième force du Parlement européen. La crise politique autrichienne a gâché la grand-messe organisée samedi à Milan par le chef de la Ligue italienne (extrême droite), Matteo Salvini, avec ses alliés européens, dont un représentant du FPÖ.