FRANCE 2 - MARDI 21 MAI - 0 H 45. DOCUMENTAIRE

Le monde du tennis est dur, froid, humiliant » et « impitoyable », rappelle un journaliste américain. Ceux qui en doutaient encore, alors que débute le Tournoi de Roland-Garros le 26 mai, en seront définitivement persuadés après avoir regardé cet exceptionnel et bouleversant portrait de Nick Bollettieri, le plus charismatique, le plus connu, mais aussi le plus critiqué et le plus haï des entraîneurs. Entre ses mains sont passés Monica Seles, Andre Agassi, Jim Courier, Mary Pierce, Boris Becker, Jimmy Arias, les sœurs Williams…

Invisible réalisateur et producteur, Jason Kohn mène l’interview du vieux monsieur de 85 ans – au moment du tournage en 2017 –, assis dos aux courts défraîchis de l’Academie de tennis qu’il a fondée à Bradenton, en Floride. Buriné par le soleil, Nick Bollettieri égrène ses succès, les 180 titres du Grand Chelem remportés par « ses élèves ». Des honneurs vécus comme les siens par ce fils d’Italiens qui ne voulait plus « être personne ». Jason attaque : « Agassi n’a pas voulu participer au film… » Le vieil homme ne se démonte pas : « Ça ne me gêne pas. » Pas encore.

Que le plus fort mental gagne

Le grand Nick Bollettieri, qui n’a pas hésité à manipuler, à martyriser de jeunes joueurs, a un talon d’Achille : Andre Agassi, qu’il a recueilli contre l’avis de beaucoup, qu’il a porté aux sommets, avant la rupture. Jason va aller au fond de l’entretien comme on va au bout de soi-même pour percer l’égotisme du vieil entraîneur. Le tout porté par une bande-son pop-rock décalée.

Jouer la figure paternelle fait partie de sa « méthode », comme faire s’affronter les meilleurs pour qu’ils se surpassent, sans états d’âme – que le plus fort mental gagne ! A ce petit jeu, beaucoup vont souffrir. Au premier chef Jim Courier, le « bon petit soldat », si profondément blessé qu’il va en tirer la rage pour battre Agassi.

Boris Becker s’en sort lui indemne, étant par nature adepte du « gagner à tout prix ». A en juger par ce qu’il fait en 1995 à Wimbledon pour sortir Andre Agassi… « Qui aurait osé faire ça ?, lance aujourd’hui Boris Becker : moi ! » Sur les consignes de Nick Bollettieri. « Love means zero », l’amour compte pour zéro. Peut-on parler d’un amour entre Andre Agassi, qui pensait avoir enfin trouvé un père, et Nick, « qui ne veut pas laisser l’image de quelqu’un qui a blessé un jeune » ? Lui qui en a blessé tant !

Love Means Zero (2018) Official Trailer | Tennis Legend Nick Bollettieri | SHOWTIME Documentary
Durée : 02:30

« Love Means Zero », de Jason Kohn (Etats-Unis, 2017, 90 min).