Un fervent supporteur du Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party) célèbre les premiers résultats des dépouillements qui laissent augurer une franche victoire du premier ministre Narendra Modi aux législatives, à Siliguri, le 23 mai. / DIPTENDU DUTTA / AFP

Les premières tendances sont sans équivoque. Le parti du premier ministre, Narendra Modi, possédait, jeudi 23 mai, une large avance à l’issue des élections législatives en Inde, augurant d’une probable reconduction des nationalistes hindous à la tête du géant asiatique.

Si les tendances se confirment, la coalition emmenée par le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party) dépasserait confortablement la majorité absolue de 272 parlementaires (542 sièges en tout à la chambre basse, la Lok Sabha). Le BJP pourrait même franchir à nouveau cette barre seul, une situation peu courante dans l’histoire politique indienne, plutôt habituée aux larges coalitions.

« L’Inde gagne à nouveau! », s’est exclamé sur Twitter Narendra Modi, qui brigue un second mandat à la tête du pays de 1,3 milliard d’habitants.

De son côté, le parti du Congrès, principale formation d’opposition, faisait la course en tête dans seulement 50 circonscriptions de la Lok Sabha.

Six semaines de vote

Les marchés financiers indiens, qui voient le chef de gouvernement comme favorable aux affaires, ont bondi à l’annonce de ces premières tendances et atteint des niveaux inédits. L’indice Sensex a brièvement franchi la barre encore jamais atteinte de 40 000 points. La roupie se renforçait aussi face au dollar.

La démocratie la plus peuplée du monde a élu ses députés au cours d’un vote marathon étalé sur six semaines entre avril et mai, le plus grand scrutin jamais organisé dans l’histoire.

Le comptage des voix, enregistrées sur des machines électroniques dans plus d’un million de bureaux de vote, a débuté jeudi à 8 heures (heure locale) – soit 4 h 30, heure de Paris – à travers le pays. 67 % des 900 millions d’électeurs indiens se sont exprimés pour ces dix-septièmes législatives depuis l’indépendance du géant d’Asie du Sud.

Quasi-référendum

Pratiquant une ultra-personnification du pouvoir et doté d’un sens politique redoutable, Narendra Modi avait fait de ces législatives un quasi-référendum sur sa personne. Cet adepte d’une gouvernance par coups d’éclat a axé sa campagne sur un discours sécuritaire anxiogène, s’érigeant en défenseur de la nation.

Des supportrices du premier ministre indien, Narendra Modi, se réjouissent de la victoire qui se profile pour le BJP en faisant le signe de la victoire, le 23 mai 2019. / Mahesh Kumar A. / AP

Le dirigeant nationaliste hindou était il y a cinq ans l’un des premiers représentants de la vague populiste mondiale actuelle à accéder au pouvoir. Vu comme réformateur et favorable aux affaires, il promettait de dynamiser la croissance et de propulser l’Inde au statut de puissance économique majeure. Au terme de son mandat, qui a aussi vu une crispation politico-religieuse de la société indienne, le premier ministre présente un bilan économique en demi-teinte. Malgré un taux de croissance enviable vu de l’extérieur (6,7 % en 2017-2018), la progression est jugée insuffisante au regard du potentiel et des besoins du géant de 1,3 milliard d’habitants.

Avec son visage orné d’une barbe blanche et barré de fines lunettes, Narendra Modi est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Une saturation de l’espace public que l’Inde n’avait plus connue depuis la première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984.

Avant le dépouillement, les analystes doutaient que « NaMo » parvienne à réitérer son exploit de 2014 en obtenant la majorité absolue avec son seul parti. Cette performance est pourtant en voie d’être réalisée.

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