Qu’est-ce que la « Montagne d’or » qui fait polémique en Guyane ?
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Il se réunissait pour la première fois, et son jugement était très attendu, notamment sur le projet minier polémique de la « Montagne d’or » en Guyane. Le Conseil de défense écologique (CDE) a annoncé, jeudi 23 mai, que « le projet actuel “Montagne d’or” est incompatible avec les exigences de protection de l’environnement », laissant entendre que ce projet, qui attend depuis deux ans l’autorisation du gouvernement pour être lancé, pourrait être abandonné.

Le nouvelle instance, dont la création avait été annoncé le 25 avril par Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse, a aussi décidé de réformer le code minier pour y intégrer les exigences environnementales à tous les processus miniers. La réforme sera présentée en conseil des ministres en décembre, a précisé le ministre de la transition écologique, François de Rugy, qui fait partie du CDE aux côtés du premier ministre, du ministre de l’économie, du budget, des affaires étrangères, de l’agriculture, des collectivités territoriales, de la santé, du logement et des outre-mer.

Volte-face de Macron

Le Conseil de défense écologique, qui se présente comme un conseil des ministres des enjeux environnementaux, a officiellement pour but de faire les « choix stratégiques » pour répondre « de manière radicale » à « l’urgence climatique », avait annoncé le président de la République. Ce dernier avait déjà jugé, au début de mai, le projet de la « Montagne d’or » « pas compatible avec l’ambition que je viens de fixer » en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

Le président était pourtant initialement favorable au projet, mais il a fait volte-face au début de 2019, admettant que le projet n’était « pas au meilleur niveau » en matière de respect de l’environnement. Le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy, doit se rendre en Guyane à la mi-juin.

Soutenu bec et ongles par le patronat local et une partie des élus, la « Montagne d’or » suscite la défiance des associations de défense de l’environnement et des organisations amérindiennes de Guyane. Les promoteurs du projet mettent en avant la création de quelque 750 emplois directs et 3 000 emplois indirects dans un territoire ravagé par le chômage. Ses opposants évoquent une catastrophe écologique, avec 1 500 hectares de forêt amazonienne en danger, où vivent quelque 1 700 espèces sauvages protégées. En outre, l’extraction de l’or est réalisée à l’aide de cyanure, un poison qui pourrait contaminer les lieux, par ailleurs considérés comme un sanctuaire pour les populations amérindiennes.