LCP - JEUDI 23 MAI - 20H50. DOCUMENTAIRE

La SNCF est « un endroit où l’on peut rêver, mais on peut aussi y faire des cauchemars ». La formule résume parfaitement l’amour-haine qui unit les Français à leur Société nationale des chemins de fer depuis maintenant quatre-vingts ans. On aime la détester, la critiquer, soupirer en scrutant le panneau « Départs » à la recherche d’une indication qu’on ne trouve pas, ou trop tard. Et pourtant, alors que l’ouverture à la concurrence se rapproche (fin 2019), on se surprend à éprouver un brin de nostalgie par rapport à un imaginaire intimement lié à l’histoire des Français au XXe siècle. SNCF, la fin d’un mythe, proposé par LCP, s’interroge sur cet imaginaire tout autant qu’il évoque l’avenir de ce monopole d’Etat en voie de mutation.

Déficitaire depuis sa naissance

Symbole du service public à la française, SNCF (qui a perdu son « la ») est aujourd’hui un monstre qui cumule 51 milliards d’euros d’endettement. Une gabegie ? Le film prend soin de rappeler que le rail, créé à l’origine pour transporter des marchandises – et certainement pas des vacanciers – est une entreprise déficitaire depuis sa naissance. Opéré par des acteurs privés, le rail français est nationalisé en 1937 pour éviter les faillites en série. La guerre vient mettre un coup d’arrêt à ce moyen de transport populaire, dont la reconstruction après la Libération va devenir « l’épopée fondatrice du mythe cheminot ». On l’a depuis un peu oublié, mais l’heure de gloire du chemin de fer tricolore fut très courte, contrecarrée par la concurrence de la voiture et de l’avion. Dans les années 90, et malgré le succès du TGV, le modèle SNCF pose question. Le train coûte cher – Guillaume Pépy, indéboulonnable patron de l’entreprise publique, rappelle « le prix de la grande vitesse » : 1 million d’euros par kilomètre de voie – et les stéréotypes sur l’impossibilité de réformer son modèle ont la vie dure.

La SNCF s’accroche à son avenir et multiplie les investissements pour se diversifier. Collecte de données par drones, train du futur à 1 000 km/h ou autonomes…, la SNCF a « de grands projets »… Mais peu intègrent les cheminots, ces « historiques » de la maison, qui se trouvent coincés entre les départements les plus pointus et des métiers les moins qualifiés. Du grand patron au machiniste, de l’historien au syndicaliste, la palette des personnes interrogées donne une grande richesse à ce film pointu, pédagogique et sans parti pris.

SNCF, la fin d’un mythe ?, réalisé par Frédéric Compain (Fr., 2018, 52 min).

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