Dans une campagne marquée par leur impossible union, les principales listes de gauche appellent toutes à la mobilisation vendredi 24 mai, dans le cadre d’une nouvelle grève mondiale pour le climat. A l’initiative de nombreux syndicats et associations, plusieurs rassemblements sont prévus à Paris et en France, dans la lignée du mouvement « Fridays for future » de Greta Thunberg, jeune icône suédoise de la lutte contre le changement climatique.

Pour les listes de gauche, c’est l’occasion de parler une dernière fois avant le scrutin de l’« urgence écologique », un enjeu qui a marqué la campagne des européennes. Un discours en phase avec celui de Youth for climate France, un mouvement de jeunes en faveur de l’environnement, qui a qualifié le scrutin européen « d’élections climatiques ».

Le collectif prépare également des manifestations devant les institutions européennes, comme la Banque centrale européenne, à Francfort, et le Parlement, à Bruxelles.

« J’appelle à la plus large mobilisation possible dans les rues le 24 mai », a ainsi déclaré Manon Aubry, lors d’une conférence de presse, dimanche. La tête de liste de La France insoumise a demandé à Emmanuel Macron d’intervenir à propos de « l’état d’urgence climatique du pays ». Comme les têtes de liste Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), Ian Brossat (Parti communiste français) et Raphaël Glucksmann (PS-Place publique), elle a prévu de participer au rassemblement à Paris. Seul Benoît Hamon (Génération.s) devrait manquer l’événement dans la capitale pour se rendre à son dernier meeting, prévu vendredi à Rennes.

« Climat de suspicion »

Députée européenne sortante et candidate sur la liste de M. Hamon, Isabelle Thomas encourage une « mobilisation citoyenne nécessaire face à l’immobilisme politique », citant en exemple les actions des pêcheurs traditionnels contre la pêche électrique, dont l’interdiction totale en 2021 a finalement été décidée en début d’année. De son côté, la candidate EELV Marie Toussaint insiste sur « le besoin de continuer à manifester ».

« J’espère une énorme mobilisation », abonde Claire Nouvian. Avant de se rendre au rassemblement parisien, vendredi en début d’après-midi devant l’Opéra, la candidate en 78place sur la liste PS-Place publique prévoit de déposer au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) la pétition lancée à la suite de son passage mouvementé dans l’émission « L’Heure des pros », le 6 mai, sur CNews. Sur le plateau, Claire Nouvian, l’animateur Pascal Praud et certains de ses invités avaient débattu avec une grande virulence des enjeux climatiques.

Dans cette pétition, la militante écologiste dénonce « des propos climatosceptiques » qui « contribuent à créer un climat de suspicion envers la science et à fabriquer du doute » et exige que le CSA joue son rôle concernant « la protection de l’environnement et de la santé de la population ».

« C’est un enjeu de civilisation »

A la traîne dans les sondages, les formations de gauche peuvent-elles espérer un sursaut grâce à cette mobilisation de dernière minute ? En début de semaine, 35 % des Français certains d’aller voter affirmaient que leur vote pouvait encore changer selon un sondage Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions et Radio France. Quant au mouvement Youth for climate France, il multiplie les appels à voter sur sa page Facebook.

Toutefois, au sein des listes, les avis sont plutôt mitigés. « La date de l’événement a été fixée par les jeunes, rappelle Claire Nouvian. Côté politique, il me semble que les dés sont jetés. »

« L’enjeu est plus profond que seulement électoral, c’est un enjeu de civilisation », juge Marie Toussaint, quatrième sur la liste EELV.

« Peut-être que cet événement peut avoir un impact sur la mobilisation des électeurs dimanche, veut croire Isabelle Thomas de la liste Génération.s. Je pense que les gens qui vont dans la rue pour le climat savent qu’il faut des députés européens pour que l’urgence climatique trouve son prolongement aux niveaux réglementaire et budgétaire. »

Jonathan Grelier

Notre sélection d’articles pour tout comprendre aux élections européennes